Discours de Rodez, juillet 2019
L’Occitanie est historiquement la plus ancienne colonie Française. Cela fait huit siècles que l’État royal puis républicain français fait de la politique en terre occitane. Son administration, son armée et son école y sont des relais puissants que nous finançons généreusement avec nos impôts. L’État français a aussi pour le servir des media locaux et régionaux, qui diffusent son discours.
En 1959 quand François Fontan créa le PNO (Parti de la Nation Occitane) et dans les années 1960 quand il commença à se faire connaître, l’existence même du PNO fit l’effet d’une bombe atomique dans le petit monde culturel occitaniste de l’époque.
D’autres groupes politiques virent le jour et l’un d’entre eux Lutte Occitane classé à l’extrême gauche considérait que son objectif principal était de lutter contre le PNO plutôt que contre l’État français.
Les mêmes qui nous reprochaient d’être nationalistes occitans affirmaient à qui voulaient bien les écouter que « L’Occitanie sera socialiste ou ne sera pas ». On voit ou de telles considérations nous ont amené en 2019.
Le PNO vient d’une époque où le terrorisme intellectuel marxiste régnait en maître dans l’occitanisme et a donc été diabolisé. Ces temps sont heureusement derrière nous.
Et maintenant ?
60 ans après la création du PNO, malgré une activité soutenue de nombreuses associations culturelles, (IEO, Felibrige, Calandretas etc.) la langue occitane est en constante perte de vitesse. Cette perte d’identité culturelle a pour conséquence la montée en Occitanie de courants politiques ultra nationalistes français de droite comme de gauche (RN et LFI) qui nient en bloc l’existence de celle-ci.
Depuis 1959, le nationalisme occitan n’est pas devenu majoritaire dans le paysage politique du territoire Occitan. La conscience nationale occitane a certes progressé. Il reste beaucoup d’efforts à faire pour la sortir de la marginalité.
Le PNO ne se considère pas comme le seul parti occitan. Nous sommes des démocrates et nous trouvons tout à fait normal qu’il y ait des partis occitans qui soient plutôt autonomistes ou simplement régionalistes ou qui soient plus orientés vers un discours de droite, du centre ou de gauche.
L’essentiel c’est que ces partis existent et qu’ils fassent vivre l’idée d’une nation occitane sous divers aspects et qu’ils aient un minimum de programme en commun pour améliorer la situation du peuple occitan.
Arrêtons de nous bercer d’illusions. Le rôle de l’État français n’est pas de sauver la langue et la culture occitane. Son rôle essentiel est de la faire disparaître le plus vite possible au profit de la langue et de la culture française et imposer ses choix institutionnels, économiques et sociaux.
Pour le PNO le combat nationaliste occitan ne se résume pas qu’à la langue. Nous voulons aider à transformer la société occitane pour que le slogan « Volèm Viure e Trabalhar al Pais » devienne une réalité sociale et économique tangible pour tout le monde en Occitanie.
Si nous voulons des institutions occitanes au moins autonomes ce n’est pas uniquement pour y remplacer le drapeau français par le drapeau occitan, c’est pour faire en sorte que cela s’accompagne d’un bien être sur le plan social et sociétal.
Si l’on veut sauver l’Occitanie de la disparition programmée par la France il n’y a qu’une solution : l’Union la plus large des forces démocratiques occitanes pour arracher des institutions occitanes avec de vrais pouvoirs de décisions dans les domaines législatifs, réglementaires, économiques, sociaux et culturels.
L’indépendance n’est pas notre objectif pour les dix ans à venir, cela ne veut pas dire que nous devions y renoncer.
Le pouvoir colonial français quelle que soit sa couleur politique nous assène que « le nationalisme c’est la guerre ». Les impérialistes français sont très bien placés pour affirmer que "le nationalisme c'est la guerre". Ce sont eux qui ont mené des guerres de conquête à notre encontre. La fondation de l'idéologie "républicaine" depuis la fin du XIXème siècle et la construction d'une école "républicaine" a servi à embrigader les enfants pour la reconquête de l'Alsace-Moselle et à justifier les guerres coloniales du XXème siècle qu'aucun autre pays européen n'a développées autant que la France (à Madagascar, en Indochine et en Algérie ...)
Le nationalisme occitan / basque / breton / catalan, ce n’est pas la guerre c’est la vie pour une société meilleure et le respect de l’autre, quel qu’il soit.
La plus grande partie du territoire de la nation occitane se trouve dans l’État français. Trois autres parties se trouvent dans l’État espagnol et l’État italien et à Monaco.
L’Espagne, la France et l’Italie sont des pays amis avec lesquels nous souhaitons établir des relations bilatérales dans le cadre d’une véritable fédération européenne. Le souhait que nous formulons pour ces trois puissances actuellement colonisatrices chez nous, vaut aussi pour nos voisins basques et catalans.
Les relations positives que nous entretenons avec les peuples breton, basque, catalan et d’autres prouvent que nous sommes sur le même chemin qui permettra à chacun de vivre pleinement son identité nationale dans une Europe démocratique de tous les peuples.
François Fontan est décédé en décembre 1979
. 1979 c’est l’année ou est créée la première Calandreta en Béarn … Fontan aurait suivi avec intérêt le développement de ce mouvement.
. 1979 c’est l’arrivée au pouvoir à Téhéran du régime des Mollahs qui annonçait l’islamisme radical d’aujourd’hui … Fontan l’aurait très certainement combattu.
. Depuis 1979, l’Europe que Fontan combattait avec la dernière énergie, s’est renforcée et transformée vers plus de démocratie, même si elle est perfectible.
. Depuis 1979, le courant de pensée marxiste alors dominant a été remplacé par un courant écologiste et environnemental que Fontan aurait analysé avec attention.
Le PNO a survécu à la disparition de Fontan et nous sommes là pour faire vivre ses idées qu’il a mis sur la table avec courage et opiniâtreté. Il nous faut les combiner avec d’autres courants de pensée qui sont apparues depuis 40 ans.
Gèli Grande