En Kanaky, le pouvoir français montre, une fois de plus, la persistance de son comportement colonial. Alors qu’on aurait pu espérer qu’après avoir déclaré, en 2017 à Alger, que la colonisation était un crime contre l’humanité, le candidat Emmanuel Macron, une fois élu président de la république française, allait s’employer à rompre avec les pires pratiques héritées de l’impérialisme français. L’occasion allait lui en être donnée par les rendez-vous historiques déjà inscrits à l’agenda du pouvoir au cours des décennies précédentes, avec la Kanaky notamment. Après un siècle et demi (depuis 1853) d’une colonisation, souvent brutale, le mouvement Kanak de libération avait obtenu de l’État français, par les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998), la reconnaissance d’une « citoyenneté néo-calédonienne » ; autrement dit d’une communauté particulièrement légitime pour décider démocratiquement du devenir du territoire ; c’était une innovation importante en droit français, Il en va de même pour la Polynésie dite « française ».
Les consultations sur l’accès à l’indépendance prévues par ces accords ont eu lieu en 2018, 2018 et 2021. Les deux premières ont donné une majorité de suffrages, décroissante, pour le maintien de la Nouvelle Calédonie dans la république française. Les indépendantistes, en progression, notamment dans les minorités ethniques, pouvaient espérer remporter la troisième. Ils ont demandé son report en raison de la crise sanitaire, et se sont vu opposer un refus du gouvernement français, en rupture avec le rôle d’arbitre conciliateur et impartial qu’il assumait depuis les accords de 1988 et 1998.
La question néo-calédonienne relève désormais d’un ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer plus préoccupé d’affirmer l’autorité de l’État, de privilégier un « maintien de l’ordre » musclé et de flatter un électorat suprématiste français que le Président Macron cherche à rallier à sa « majorité relative ».
Le Parti de la Nation Occitane condamne l’autoritarisme inhérent au fonctionnement monarchique de la république française, et au centralisme qui en est la conséquence.
Le précédent d’une « citoyenneté néo-calédonienne » pouvait intéresser particulièrement les nationalistes corses, qui se sont heurtés à plusieurs refus de la reconnaissance de l’identité d’un « peuple corse », notion pourtant voisine qui pourrait fonder la légitimité de ce peuple à décider de son devenir, et aussi permettre à des régions autonomes de protéger leurs résidents « autochtones » contre l’accaparement des ressources (foncier agricole, logement ...) par des originaires d’autres régions.
Le Parti de la Nation Occitane appelle les Occitans et les autres peuples colonisés par la France en Europe à revendiquer la reconnaissance de leurs identités, culturelles et linguistiques, en solidarité réciproque, à revendiquer l’autonomie de leurs territoires et à soutenir l’émancipation des nations colonisées de l’Outre-Mer « français ».
Lo Partit de la Nacion Occitana sosten la revindicacion dels independentistas canacs
En Canaquia, lo poder francés mòstra, un còp mai, la persisténcia de son comportament colonial. Mentre que s'auriá pogut esperar qu'après aver declarat, en 2017 a Argièr, que la colonizacion èra un crimi contra l'umanitat, lo candidat Emmanuel Macron, un còp elegit president de la republica francesa, s'anava emplegar a rompre amb las piègers practicas eretadas de l'imperialisme francés. L'escasença anava li èsser balhada pels rendètz-vos istorics ja inscriches a l'agenda del poder pendent las decennias precedentas, amb la Canaquia sustot. Après un sègle e mièg (dempuèi 1853) d'una colonizacion, sovent brutala, lo movement canac de liberacion aviá obtengut de l'Estat francés, pels acòrdis de Matignon (1988) e de Nouméa (1998), la reconeissença d'una « ciutadanetat neocaledoniana » ; autrament dich d'una comunautat particularament legitima per decidir democraticament del devenir del territòri ; èra una innovacion importanta en drech francés, En va tot parièr per la Polinesia dicha « francesa ».
Las consultas sus l'accès a l'independéncia previstas per aqueles acòrdis an agut luòc en 2018, 2018 e 2021. Las doas primièras an balhat una majoritat de sufragis, descreissenta, pel manten de la Novèla Caledònia dins la republica francesa. Los independentistas, en progression, sustot dins las minoritats etnicas, podián esperar emportar la tresena. An demandat son repòrt a causa de la crisi sanitària, e se son vists opausar un refús del governament francés, en rompedura amb lo ròtle d'arbitre conciliator e imparcial qu'assumissiá dempuèi los acòrdis de 1988 e 1998.
La question neocaledoniana relèva d'ara enlà d'un ministre de l'Interior e dels Otramars mai preocupat d'afirmar l'autoritat de l'Estat, de privilegiar un « manten de l'òrdre » musclat e de flatar un electorat suprématiste francés que lo President Macron cerca de raliar a sa « majoritat relativa ».
Lo Partit de la Nacion Occitana condemna l'autoritarisme inerent al foncionament monarquic de la republica francesa, e al centralisme que n'es la consequéncia.
Lo precedent d'una « ciutadanetat neocaledoniana » podiá interessar particularament los nacionalistas còrses, que se son trucats a mantun refús de la reconeissença de l'identitat d'un « pòble còrs », nocion pasmens vesina que poiriá fondar la legitimitat d'aquel pòble a decidir de son devenir, e tanben permetre a de regions autonòmas de protegir lors residents « autoctòns » contra l’accaparament de las ressorsas (fonsièr agricòla, lotjament ...) per d'originaris d'autras regions.
Lo Partit de la Nacion Occitana crida los occitans e los autres pòbles colonizats per França en Euròpa a revindicar la reconeissença de lors identitats, culturalas e lingüisticas, en solidaritat recipròca, a revindicar l'autonomia de lors territòris e a sostenir l'emancipacion de las nacions colonizadas de l'Otramar « francés »
Rappel historique sur la Kanaky
Le 26 juin 1998, les accords de Matignon étaient conclus entre le gouvernement français, et notamment son Premier Ministre français, Michel Rocard, et une délégation des forces politiques antagonistes de la Nouvelle-Calédonie, et notamment les dirigeants indépendantistes kanaks, d’une part, Jean-Marie Tjibaou et d’autre part «loyaliste» Jacques Lafleur, mettaient fin à une période d’affrontements entre les indépendantistes kanaks et les forces coloniales françaises, venues soutenir les colons « caldoches » ; ils permettaient le rétablissement de la paix civile et marquaient « la volonté des habitants de la Nouvelle-Calédonie de tourner la page de la violence et du mépris pour écrire ensemble des pages de paix ». Ces accords, approuvés par les citoyens français par le référendum du 6 novembre 1988, ouvraient une période de dix ans de rééquilibrage et de développement, à l’issue de laquelle un scrutin d’auto-détermination serait organisé.
Il est important de rappeler que Michel Rocard est le même dirigeant français qui confiait quelques années plus tard à l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique son analyse remarquable selon laquelle la France « s'est créée par la destruction de cinq cultures — bretonne, occitane, alsacienne, corse et flamande ; [elle] est la seule nation européenne qui soit la création militaire d'un État non homogène. C'est ce qui [la] rend difficile à gouverner et explique [sa] difficulté à réformer, [sa] lenteur » (cable diplomatique révélé par Wikileaks). Nous pouvons regretter qu’il n’ait pas davantage utilisé cette clairvoyance exceptionnelle pour reconnaître les identités culturelles et linguistiques concernées et orienter l’organisation territoriale de la France vers une fédération de nations. Mais il s’est révélé un interlocuteur précieux pour des indépendantistes kanaks, soucieux de faire reconnaître leur propre identité, de promouvoir leur culture et de revendiquer une légitimité particulière pour gérer leur territoire ‑ en partageant pacifiquement la souveraineté avec les autres communautés ‑.
En 1998, à l’approche du référendum prévu par les accords de Matignon, la paix locale était encore fragile et l’alternance au sommet de l’État français pouvait à nouveau donner de l’espoir aux partisans du maintien du système colonial et divers nostalgiques du suprématisme français. Un nouveau texte est signé dix ans après les accords de Matignon : l'accord de Nouméa, conclu le 5 mai 1998 par le Premier Ministre français Lionel Jospin, le FNLKS (indépendantiste) et le RPCR (« loyaliste »). Il est adopté à 72% par la population de Nouvelle-Calédonie, par référendum. Le texte reconnaît une « double légitimité », d'un côté celle des « premiers occupants», les Kanaks, et de l'autre celle des « nouvelles populations » arrivées après 1853, afin de forger un «destin commun» pour la Nouvelle-Calédonie, qui prenne en compte à la fois « l'identité kanake et le futur partagé entre tous ». L’accord de Nouméa prévoit un nouveau référendum d’autodétermination avant 2018 (qui pourra être réitéré). Il établit une souveraineté partagée entre la France et la Nouvelle-Calédonie et une « citoyenneté calédonienne » restreignant le droit du sol, qui seront inscrites dans la constitution française en 2007.
Le 4 novembre 2018, un premier référendum propose la « pleine souveraineté » (l’indépendance) à un corps électoral « gelé » à la situation de 1998 (175 000 électeurs). Le « NON » l’emporte, avec 56,7% (principalement du fait des votes des électeurs d’origine européenne et de diverses communautés asiatiques, océaniennes ...).
Le 4 octobre 2020, un second référendum conduit à une nouvelle victoire du « NON », avec 53,3%. Les « OUI » à l’indépendance ont progressé, du fait d’une meilleure participation des Kanaks (démographiquement en majorité relative) et aussi dans les autres communautés.
Un troisième référendum est convoqué pour le 12 décembre 2021, en pleine crise sanitaire. Les indépendantistes demandent son report, le gouvernement français oppose un refus que l’on peut penser motivé par la crainte qu’un nouveau progrès du « OUI » légitime une indépendance qui est refusée par les « loyalistes », soutenus par la droite et l’extrême-droite parlementaires françaises, qui pèsent d’autant plus sur l’exécutif qu’il ne va plus, en 2022, disposer que d’une majorité relative au parlement. Ce référendum est boycotté par les indépendantistes, ce qui se traduit par une participation de 43,87% dont 96,50% de « NON ». Le gouvernement considère que la question est réglée, la Nouvelle-Calédonie restera française, au terme d’un scrutin sans les colonisés. Et il a abandonné sa fonction d’arbitre impartial et conciliateur, le dossier relève désormais du Ministre de l’Intérieur (et des Outre-Mer), qui cultive son image de garant de l’Autorité et de l’Ordre.