// Le privilège de base n'est pas racial mais linguistique et il ne concerne pas les mâles blancs mais les "bons Français" // (Bernard Fruchier)
https://www.marianne.net/debattons/tribunes/la-racialisation-de-la-question-sociale-est-une-impasse
Décidément, l'Europe se montrant incapable de reconnaître, d'enrichir et de développer sa propre culture, elle est soumise aux modes venues des États Unis d'Amérique qui s'introduisent de plus en plus rapidement chez nous. Il en est ainsi des manifs visant en France un prétendu racisme au moment où une crise sanitaire, sociale et économique gravissime progresse chaque jour. Le journal Marianne cherche donc - sainement - à réagir en ouvrant ses colonnes à un appel lancé par un mouvement intitulé République souveraine, sociale, laïque et écologique.
L'appel en question est précédé d'un préambule auquel nous pourrions globalement adhérer s'il n'était émaillé de certaines affirmations critiquables. Cela commence dès le premier paragraphe avec une expression dont le sens nous échappe : "...la véritable émancipation est sociale et passe par les vertus de la République."
Le PNO a toujours affirmé, à côté des réalités ethniques, l'importance de la question sociale (second pilier de l'ethnisme) et nous pouvons donc souscrire à cette affirmation à condition d'abandonner cette notion de vertu, appliquée à la République (avec une majuscule !) dont j'ai du mal à cerner la définition.
La suite devrait satisfaire un parti qui a toujours rejeté la race comme critère de nationalité ou d'appartenance ethnique, mais pourquoi assimiler critique du racisme, multiculturalisme et rejet de la laïcité avec la phrase "...retour de la race... promouvant un multiculturalisme diviseur..."? La notion de multiculturalisme nous vient de certains empires qui, conscients d'être le résultat de la coexistence en leur sein de plusieurs peuples, reconnaissent à ces derniers un certain nombre de droits culturels, les souverains donnant l'exemple quand l'impératrice Sissi, reine de Hongrie, apprend le hongrois ou le Prince de Galles adresse un discours à ses sujets dans leur langue. Cette situation choque nos jacobins qui définissent eux aussi la nation par la langue (cf. l'article 2 de la constitution), mais en renversant le rapport entre ces deux termes. Alors que l'ethnisme définit l'ethnie par la langue maternelle qui est donc pour nous le fondement de la nation, le jacobinisme impose aux mères une nouvelle langue, confondant dramatiquement égalité et uniformité, escomptant un changement de langue maternelle.
Il va de soi que nous approuvons le paragraphe suivant : effectivement, la France ne nous a jamais paru raciste ; son péché impardonnable est plutôt son ethnocentrisme jacobin. Mais continuons notre lecture.
Pour argumenter sur cet anti-racisme de la France, l'appel se croit obligé de préciser que le pays "a parié sur l’égalité, rejetant les séparations selon les différences pour favoriser le mélange". Non : il a parié sur l'uniformité pour favoriser la suprématie des Franciens sur les autres ethnies. C'est pourquoi sa fameuse "devise" n'est qu'un slogan publicitaire, les peuples soumis ne connaissant ni la liberté, ni l'égalité et encore moins la fraternité. Les essayistes et autres "espécialistes" ne peuvent que constater ce que d'aucuns nomment un archipel mais échouent - de même que les premiers concernés - dans l'analyse des causes de cette situation.
La suite va dans le même sens : "Il a su donner les mêmes droits civils, économiques et sociaux à chacun...". Non, pas les droits civils puisque certains ont le droit d'imposer leur langue ou leur dialecte aux autres. L'escòla de la vergonha (merci Jules Ferry) a dû utiliser des moyens fascisants pour empêcher les élèves de parler leur langue maternelle, fût-ce pendant les récréations.
Il va de soi que nos militants apprécient les acquis sociaux auxquels se réfère le paragraphe suivant et participent aux luttes pour plus de justice.
"...comment suivre ceux qui entendent assigner aux problèmes sociaux une origine uniquement raciale ?".
Voici une phrase qui nous convient parfaitement car le PNO a toujours refusé de définir un homme et, à plus forte raison, un peuple par la race. Il faut ajouter qu'il en est de même en ce qui concerne la religion alors qu'aujourd'hui une partie de la gauche (plus ou moins "extrême") joue le jeu du soutien aux pires aliénations (pseudo-) religieuses. Dieu (ou notre histoire) nous en préserve !
Nous sommes bien forcés d'accepter les chiffres que fournit le texte quant au faible nombre des discriminations relevées contre les étrangers car ils sont vraisemblables et nous n'avons, de plus, aucun moyen de les contrôler.
Certes, il peut exister "des personnes pour lesquelles l’exercice de leurs droits est mis en cause en raison de leur couleur, de leur religion, de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap" mais il ne s'agit pas d'un "privilège blanc".
C'est fort juste mais nous devons signaler un oubli de taille : certains droits ne sont pas reconnus à tous comme celui de parler sa langue maternelle. Et même l'accent, qui est aujourd'hui l'objet de débats, a handicapé tant d'Occitans dans les concours de la fonction publique. Le privilège de base n'est pas racial mais linguistique et il ne concerne pas les mâles blancs mais les "bons Français", c'est-à-dire ceux qui ne sont ni alsaciens, ni flamands, ni bretons, ni basques, ni occitans, ni catalans, ni corses, ni même arpitans, normands, picards ou bourguignons.
Le texte poursuit : "On voit combien il est absurde de tout rabattre sur la seule question de la couleur ou de l’origine." La couleur devient la marque essentielle de l'origine pour la seule raison qu'on s'en tient aux minorités visibles. La république se trouve aujourd'hui confrontée au problème du communautarisme, ce terme qu'elle a inventé et qui lui sert en permanence de repoussoir. En réalité, la difficulté fondamentale, de nos jours, vient de l'individualisme encouragé et exacerbé par le faux libéralisme, régulièrement critiqué, à bon droit, dans les colonnes de Marianne. La mondialisation a réalisé à une autre échelle ce que la France avait déjà imposé sur son territoire et les hommes prennent désormais conscience de leur besoin de liens sociaux de proximité, voire de connivence. Si les communautés naturelles (quartier, village, ethnie) leurs sont interdites, ils se rabattent vers de fausses communautés raciales ou religieuses pour satisfaire leur besoin de solidarités horizontales. Quant aux solidarités verticales, le jeunisme ambiant (nourri par le (néo-?) libéralisme) les interdit au point que la notion de patrimoine paraît désormais réactionnaire et que l'État se trouve contraint d'imposer un devoir de mémoire, malheureusement fondé sur une histoire schématique ou trafiquée.
Le paragraphe suivant s'intitule : "La classe sociale, vrai marqueur".
La classe sociale est effectivement un vrai marqueur mais il ne faut pas oublier la langue et l'accent ethniques comme nous l'avons dit plus haut. De plus, les Gilets Jaunes ont bien démontré que le lieu de résidence et/ou de travail joue aussi un rôle fondamental.
Nous pouvons faire nôtre la critique de l'ultralibéralisme soutenue par le paragraphe suivant, à condition de préciser que l'ultralibéralisme n'est pas le seul à contester la souveraineté des peuples, la république jacobine lui a montré la voie. Pour l'Occitanie, le multiculturalisme ne saurait être que provisoire en attendant l'indépendance au sein d'une Europe des ethnies, laquelle n'est sûrement pas le fond de commerce de l'extrême droite (qui reste d'ailleurs à définir et à distinguer du fascisme).
Enfin, le dernier paragraphe conclut sur les valeurs et le slogan républicains, ce qui correspond à ce que demande le PNO pour l'Occitanie (largo sensu), notamment la laïcité (que nous avons inventée), mais quand je vois la sacralisation de la république jacobine écrite avec une majuscule, comme si c'était le bon Dieu, je suis renforcé dans ma décision de toujours l'écrire avec une minuscule. De quelle république s'agit-il ? La guerre de Vendée n'a pas été un épiphénomène ni la colonisation de l'Algérie considérée comme faisant partie de la France (la "république" poursuivant l'œuvre de la monarchie) ou plutôt de son empire, elle s'inscrit dans l'ADN jacobin. Les jacobins cherchent à faire croire que toute autre forme de république ne serait pas démocratique alors que le 14 Juillet est censé rappeler la fête de la Fédération : aquela de colha ! (1)
Bernard Fruchier
(1) Quelle blague !