Chères amies, chers amis,
Il est difficile pour moi de parler du PNO, un cercle d’amis, une famille de pensée, qui a, plus ou moins, mon âge et que je fréquente depuis plus de quarante-cinq ans.
Maintenant, je fais partie des anciens de l’équipe. Je n’ai pas vécu tous les soucis de l'organisation, j’ai entendu raconter les aventures héroïques des premiers temps et je suis de loin les derniers évènements. Comme aujourd’hui, je ne suis pas présent physiquement mais je lis tout ce qui est publié, venant du PNO ou sur le PNO.
Pour faire court, je voudrais simplement dire ici que je suis fier d'être adhérent de ce parti.
Qui dit anniversaire, dit rassemblement et dit bilan. La famille intellectuelle et politique se réunit, compte les présents, les absents, les disparus et fait son bilan pour aller de l'avant. C’est tout ce qu’il y a de plus naturel.
Ma fierté de nationaliste occitan n’est pas simplement que le PNO ait réveillé la conscience nationale du pays d'Oc. Par sa participation à tous les moments forts de l'occitanisme politique et culturel, il a été l'aiguillon, trop pointu pour beaucoup, de la renaissance d'un peuple.
Après le tourbillon de 1968, l’équipe des exilés parisiens fît naître Lo Lugarn. Depuis 1970, la revue n’a pas cessé de donner des informations politiques, intellectuelles, culturelles, d'orienter la nécessaire discussion ouverte que tout mouvement national se doit d'avoir sans cesse.
Présent pour garder le Larzac comme pour affirmer le droit de vivre au pays, pour défendre la viticulture de chez nous, le Parti a toujours soutenu les acteurs économiques et les productions occitanes.
Il ne fût pas à l’origine du mouvement des Calandretas mais il l’a soutenu dès le début vu qu’il était totalement d’accord sur le principe d’une école en occitan.
Et il le soutient encore.
Le CIRDOC ? Quand Yves Rouquette lança l’affaire nous avons été à ses côtés pour la création de cette Bibliothèque Nationale Occitane.
Nous avons été présents dans beaucoup de clubs occitans à Bagnols sur Cèze, à Barjac, à Bourg St Andéol, à Nice et j’en passe. Et aussi au Conservatoire Occitan de Toulouse ! Et qui dira le rôle magnifique des librairies occitanes de Jacques Ressaire, Maurice Pepin et Pierre Mazodier ?
Et politiquement ? Nous avons été les premiers à organiser des mouvements élargis, sachant que tout le monde ne pouvait pas se reconnaitre dans notre objectif ultime : C’est pour cela que nous avons participé activement aux comités VVAP, que nous avons créé le MPO. Faut-il parler des Vallées où François Fontan créa en 1974, avec des passionnés de langue et de culture le MAO ? Troublés par l’évolution politique en France et en Italie, ces mouvements ont disparus mais il reste quelque chose. Si le MAO s'est évanoui "Ousitànio Vivo" est toujours en vie et de nombreuses initiatives économiques et culturelles maintiennent l'esprit fontanien et le sentiment occitan. "Bastir!" reprend, peu ou prou, les idées de VVAP et du MPO dans l’Occitanie « française ».
C’est sûr qu’il fallait se détacher des partis parisiens ou italiens, depuis plus de cinquante ans, les adhérents ont démontré qu'’il était possible de créer un positionnement autonome. Qui se rappelle que Claude Troin fut, en 1967, le premier candidat aux élections cantonales partielles d'Annot avec 13% des voix ? Qu'en 1995, Pierre Giraud fut le premier occitaniste élu régional en Provence ? Et le soutien du PNO au candidat des minorités nationales, Guy Héraud, en 1974 ? Et le soutien à Gustave Alirol du MSAO-VVAP, en 1981 ? Et ensuite, des candidatures aux élections cantonales, régionales, législatives, européennes sens oublier les municipales, et ceci, de l'Océan aux Vallées !
Dans l'aventure occitaniste, nous n’avons pas été tout seuls, mais nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait !
Pour clore mon propos, je voudrais dire que chaque élément pris isolément, ne compte guère, mais tous les éléments mis bout à bout commencent à forger une histoire, celle d'un parti, d'une nation. Finalement, tout ça fait un pays !
Quand je vois le nom Occitanie renaitre pour désigner une grande partie de mon pays, je ne peux que me réjouir. D'accord, ce n’est pas tout le pays ! Mais est-ce que 'Catalunya', 'Euzkadi', 'Kurdistan' sont officiels sur tout le territoire catalan, basque ou kurde ?
Quand je vois officiellement reconnue l'originalité linguistique et culturelle des Vallées je ne peux que me réjouir.
Quand je vois affirmée la personnalité juridique autonome d'un petit bout d'Occitanie, Aran, je ne peux qu'être content.
Si des centaines de jeunes se frottent à une langue destinée à disparaitre, qui n'en serait pas heureux ?
Et si beaucoup de gens, de Bayonne aux Vallées, se veulent « Festaires », est-ce qu’il n’y a pas quelque chose qui nous unit foncièrement ?
Sens vouloir dénigrer ce que d'autres initiatives ont fait pour toute l’Occitanie, la force du PNO tient dans l'idée que s’il y a une langue, alors il y a une nation. Symbole des symboles, la diffusion progressive du drapeau national, la croix de Toulouse-Provence ornée de l’étoile à sept branches, doit nous enthousiasmer. Il est apparu publiquement pour la premiere fois en 1963, sur la carte d'Occitanie déssinée par François Fontan, imprimée à Barcelone et jointe au petit livre de Jordi Ventura, "Els Catalans i l'occitanisme", un autre symbole très fort !
Nous l'avons vu flotter sur la Calandreta de Nîmes, nous le trouvons sur le portail de l'Occitanie sur Internet, sur Instagram, dans le Quid et même sur la propagande de RPS aux dernières élections européennes !
Ne vous préoccupez pas outre mesure du but final, ce qui compte c’est le chemin !
Bon anniversaire à tous, à chacune et chacun ! Demain, la fête sera plus grande, et pas sans le PNO !
Joan-Loïs Veyrac
19 Juillet 2019
Texte original en Occitan, traduction française de Gèli Grande.