L’histoire selon les vainqueurs

            Le 28 octobre, la Dépêche du Midi s’est faite l’écho, sur trois pages dont la une, d’une exposition à l’Université de Montpellier sur les « cathares ». Elle affirme : « Le mythe des cathares est né au Moyen-Âge », et « Les cathares du Moyen-âge, dualistes et organisés dans une contre église, sont une invention médiévale ».

            Nous savons depuis longtemps que les « cathares » ne se nommaient pas ainsi entre eux et que le terme n’était pas généralisé à cette époque. Mais ce débat d’historiens nous paraît un peu subalterne.

            Pour le reste, nous sommes dans le révisionnisme, et cela est scandaleux. Ne nous y trompons pas, écrit comme cela a été écrit et présenté, cela laissera sous-entendre à quelques esprits non-initiés que cette histoire de catharisme est pure invention. Certains en conclurons que l’inquisition et les bûchers sont également pures inventions.

            Les vraies questions posées par cet incident sont :

- Qu’est-ce qui pousse un maître de conférence du monde universitaire d’État, à afficher de telles thèses ?

- Qu’est-ce qui a poussé La Dépêche du Midi à faire tant de publicité à cette universitaire alors que ce même journal refuse systématiquement de rendre compte des quatre lignes d’annonce de nos commémorations à Montségur ?

- La République française est-elle ségrégationniste entre les révisionnismes qui tombent sous le coups de la loi et ceux qu’elle juge tolérables ?

- Pourquoi nombre d’occitanistes « patentés » se sont tus devant un tel scandale ?

         On ne peut s’empêcher de penser qu’au-delà d’un débat d’historiens, nous sommes ici face à l’acharnement republico-jacobin contre les identités périphériques. Nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire : la République française continue son combat pour l’assimilation-uniformisation de l’État.

            Pendant ce temps, Régions et Peuples Solidaires (fédération de partis autonomistes) ploie l’échine pour quémander à quelques partis hexagonaux un strapontin pour les prochaines échéances électorales.

Jacme Pince