Le 20 mars 2018 Emmanuel Macron chef de l'État français a présenté une trentaine de mesures pour défendre la pratique de la langue française, dans l'Hexagone et le reste du monde … car il parait que sa survie est menacée.
À l'occasion de la journée de la langue française, il a déclaré devant l’Académie française que « Le français est une langue d'émotion, de combat, une langue d'exil, de blessures. Le français ne sera jamais une langue hégémonique, car c'est une langue de combat. »
Désolé de contredire Emmanuel Macron, mais toutes les langues parlées sur la terre sont des langues d’émotion, des langues de combat pour leur survie pour certaines et/ou des langues d’exil pour le travail par exemple.
De qui se moque-t-il quand il ose affirmer que le français ne sera jamais une langue hégémonique ? Faut-il lui rafraichir la mémoire sur la manière brutale dont les occitans et quelques autres peuples de l’actuelle République française ainsi que dans l’ancien empire colonial ont appris le français ?
Aujourd’hui comme hier depuis l’Édit de Villers Cotterets en 1539, le français est une langue de combat perpétuel contre toutes les langues dites faussement régionales.
Pour les occitans et les autres peuples non français de l’Hexagone, la francophonie a un coût économique celui de nos impôts pour entretenir :
- une administration d’État ou territoriale qui ne parle que le français (art 2 de la constitution de 1958, loi Toubon),
- un système éducatif dont le but est d’éradiquer les langues des territoires soumis et
- un système audiovisuel et radiophonique public sur les ondes desquels les langues autres que le français sont quasi absentes ou réduites à la portion congrue.
Emmanuel Macron a annoncé des mesures destinées à renforcer la place et le rôle de la langue française et du plurilinguisme en France et à travers le monde.
Et en plus il choisit le château de Villers Cotterets lieu ou François 1er promulgua l’édit du même nom pour être la future cité de la Francophonie. Si ce n’est pas de la maladresse, cela ne peut être que de la provocation.
Que les français veuillent promouvoir leur langue cela est légitime, mais pas en notre nom et pas avec la monnaie des impôts des alsaciens, des basques, des bretons, des catalans, des corses, des flamands et des occitans.
La première mesure concrète en faveur du plurilinguisme dans l’État français serait au moins la ratification par la République qu’il préside, de la Charte Européenne des langues régionales et minoritaires.
Or rien de tel dans ses annonces. De plus il refuse la co-officialité de la langue corse et française pour la collectivité territoriale Corse.
Le fait que les occitans parlent actuellement plus français qu’occitan n’est que le révélateur de la colonisation de la nation occitane.
L’occitan au travers de sa diversité dialectale est notre seule véritable langue nationale. Pour 95% des occitans, le français n’est au mieux que notre première langue internationale et rien de plus.
Avant l’annonce de ces mesures Emmanuel Macron assurait à qui voulait l’entendre que le français devrait devenir la 1ère langue parlée en Afrique et présentait un projet pour promouvoir le français dans le Monde entier. À part ça, « le français n’est pas une langue hégémonique », ceux qui l’affirment sont de mauvaise foi.
L’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou* a eu le courage de refuser de cautionner un tel projet et de le faire savoir publiquement. Pour Mabanckou la Francophonie est un club de pays au service de l’impérialisme français.
« La Francophonie n’a jamais été le grand creuset commun qui assure la liberté culturelle et l’échange respectueux » dit-il. « Elle constitue à l’heure actuelle un des derniers outils qui permettent à la France de dire qu’elle peut encore dominer le Monde, qu’elle a encore le contrôle sur ses anciennes colonies ». Tout est dit.
Le refus de Mabanckou a permis de libérer la parole et de nombreux écrivains d’envergure internationale d’expression française assurent que Macron doit changer d’optique. On est au regret de constater qu’ils n’ont pas (encore) été entendus
Pour Alain Mabanckou, il faut créer dans le monde soit disant francophone une nouvelle association, dirigée par la société civile, par des écrivains et des artistes, qui protégerait les langues locales africaines.
C’est une excellente idée. En tant que nationalistes occitans et ethnistes nous ne pouvons que la soutenir et l’encourager.
Gèli Grande
22 mars 2018
*Alain Mabanckou est né le 24 février 1966 à Pointe Noire en République du Congo (ou Congo Brazzaville). C’est un écrivain tout à la fois romancier, poète et essayiste de renommée internationale.