Montségur 2017
Il y a 763 ans, sur cette terre, s'est déroulé une tragédie humaine, nous le savons tous. 763 ans après, nous sommes poussés par quelques forces intérieures, à venir ici, à réfléchir, à témoigner.
215 femmes et hommes sont monté volontairement sur le bûcher, parce qu'un pouvoir infâme ne leur laissait qu'un choix inique. Ce pouvoir, c'est celui de l'intolérance et de l'arbitraire. Le même qui s'insinue ici ou là, aujourd'hui dans le monde, dans notre monde. Les exécutions arbitraires, la torture, il arrive qu'on les reconnaisse, mais la réalité du poids des pouvoirs politiques, économiques, financiers et médiatiques ; qu'en savons nous au juste ?
Quand les bonhommes, en butte à la papauté en ces temps là, refusent de payer la dime, "il faut les éliminer". Quand les puits de pétrole irakiens échappent au contrôle occidental, "il faut intervenir". Quand les bonhommes, par leur pacifisme, remettent en cause la hiérarchie des pouvoirs, "il faut les brûler". Quand les non-violents contestent le bien-fondé de certaines guerres, "il faut aussi les faire taire", car sinon, à qui vendrions-nous nos armes ?
Quand les bonhommes développaient une pensée propre, ils furent vécus comme obstacle à la pensée unique, la pensée officielle, la pensée du plus fort. Alors on a voulu éteindre cette pensée. Comme il est hérétique aujourd'hui de dire que la république ne doit pas être un dogme asservissant, mais une valeur évolutive au service des hommes.
Les bonhommes ne sont pas morts, ils sont toujours là, quelque part dans nos sociétés contemporaines. Et, en revenant ici aujourd'hui, c'est aussi cela que nous ne voulons pas oublier. En revenant ici, c'est nos yeux que nous leur demandons d'ouvrir, pour ne pas nous endormir, hypnotisés par les apparences.
Jacme Pince
Occitània e Libertat
Dimanche 16 mars 2017