Disparition
Pierre Fabre, capitaine d’industrie occitan, par Gèli Grande
Né à Castres le 16 avril 1926 dans une famille de négociants dans laquelle on parlait encore occitan, l’industriel Pierre Fabre est mort le 20 juillet 2013 à Lavaur à la tête d’un des 3 plus grands groupes pharmaceutiques de l’état français, les Laboratoires Pierre Fabre.
Un patriotisme occitan qui ne dit pas son nom
C’est à Castres dans sa pharmacie, que le jeune Pierre Fabre étudia les vertus thérapeutiques et médicinales du Ruscus aculeatus ou Petit Houx une plante qui abonde dans la région de Castres.
Pierre Fabre fonda le premier des laboratoires qui portent son nom en 1962 en commercialisant un veinotonique d'origine naturelle, appelé Cyclo 3.
De 1963 à 1978 par l’acquisition de divers laboratoires il se fit un nom dans la pharmacie, la para pharmacie et la dermo-cosmétique. Le groupe Pierre Fabre engloba ainsi successivement INAVA, Klorane, Ducray, René Furterer. En 1977 il créa la marque Galenic.
A la fin de sa vie, grâce à la maitrise qu’il exerçait sur le secteur industriel de la pharmacie, il était devenu une des personnes les plus puissantes de cette Occitanie Centrale appelée Midi Pyrénées.
Pierre Fabre est toujours resté fidèle à sa région castraise. La plupart des usines et laboratoires ainsi que les centres de décisions du groupe sont dans le Tarn ou dans un des 7 autres départements de la région Midi-Pyrénées. Tous ceux et celles qui ont pu être embauchés par l’entreprise Pierre Fabre dans le Tarn ou dans d’autres départements occitans ont eu la chance de travailler au pays.
Dans les années 1970, il devint propriétaire d’une source sur la commune d’Avène les Bains dans l’Hérault. Il en fit une station thermale spécialisée dans la dermatologie.
Le groupe Pierre Fabre s’est développé hors de l’état français, avec des filiales en Espagne, en Italie et en Allemagne. Il racheta aussi des laboratoires américains et une société brésilienne.
Il fait travailler environ 10.000 salariés, dont 4.000 dans l’état français, pour l’immense majorité en Occitanie.
En 1999 il créa la Fondation Pierre Fabre afin d’aider les pays en voie de développement à accéder aux médicaments de qualité et aux soins de première nécessité.
Toujours fidèle à cette implication « sudiste », en 1998, Pierre Fabre fit son entrée dans le secteur des médias avec la holding Sud Communication dont il était propriétaire à titre personnel.
Il est à noter que de son vivant, 15 % du capital de Midi Libre et 6 % de la Dépêche du Midi étaient entre les mains de Pierre Fabre. Des petits quotidiens et hebdomadaires locaux géographiquement occitans comme L’Eveil de Haute Loire, Tarn Infos, La Ruche ou Le Réveil du Vivarais bénéficient de la manne financière de Pierre Fabre. Des médias d’ampleur hexagonale plutôt classée idéologiquement à droite comme Valeurs actuelles ou Le Spectacle du Monde complètent le panorama.
Une facette de ce patriotisme économique occitan fût aussi l’acquisition en 1999 d’un club de rugby, le Castres Olympique.
Enfin il faut relever qu’en capitaine d’industrie prudent, il n’a jamais souhaité que le groupe Pierre Fabre soit introduit en bourse. Il était très conscient que cela aurait pu exciter l’appétit des spéculateurs en tous genres. Gageons que ceux qui ont maintenant la charge de diriger cette grande entreprise occitane seront animés de la même prudence.
N’ayant pas d’enfants Pierre Fabre prit soin de régler sa succession en confiant dès 2008, 71 % du capital du groupe à la Fondation qui porte son nom.
Il resta cependant très présent dans l’entreprise en présidant les laboratoires et la Fondation, jusqu’au dernier jour.
Le Magazine économique Challenges estimait en 2013 la fortune professionnelle du groupe Pierre Fabre à environ 1,2 milliard d’euros, sans compter les 29 % restant que Pierre Fabre n’avait pas confié à la Fondation.
A l’annonce de la mort de Pierre Fabre, Arnaud Montebourg ministre Français du Redressement productif le cita comme l’exemple du patriotisme économique … en bon impérialiste français qu’il est, il oublia de préciser … occitan.
Comme l’immense majorité des Occitans de sa génération Pierre Fabre même s’il parlait occitan, se voulait et se pensait sincèrement français et seulement français.
Formé par l’Ecole de la république française une et indivisible il ne pouvait concevoir que la langue et la culture occitanes aient un avenir.
C’est sans doute ce qui explique que malgré les nombreuses sollicitations des militants culturels de l’I.E.O, il n’a jamais donné le moindre centime pour la maison d’édition IDECO, pour l’organisation annuelle de la Dictada Occitana à Castres ou pour la Calandreta de sa ville natale.
Dans le même temps toutes les autres associations castraises et/ou tarnaises des environs non attachées à la culture occitanes ont bénéficié des largesses de Pierre Fabre.
Pierre Fabre est un représentant typique de l’aliénation ethnique des Occitans qui se croient français parce qu’ils ont été formatés par l’idéologie française diffusée par l’école de la République. Mais au moins il a donné, à son corps défendant, un contenu concret au slogan occitaniste : « Volèm viure e trabalhar al país ».