Barcelone
Aller manifester à Barcelone ce n'était pas au départ un déplacement commun, on sortait des frontières de cet Etat français qui nous occupe depuis si longtemps pour aller soutenir avec nos faibles forces notre puissant cousin.
Arrivé à Terrassa, l'atmosphère était légère, il flottait un parfum de liberté. Etait- ce mon imagination qui vagabondait ? Ou bien une force invisible qui à l'image de tous ces anonymes qui portaient ces drapeaux catalans à l'étoile nous dirigeait vers la gare ?
Sitôt sorti de la gare, une foule immense nous entourait, ma première impression fut l'étonnement non pas de l'importance de la foule, j'y étais préparé, mais c'était la jeunesse des manifestants leurs slogans politiques sur des bouts de cartons, ces jeunes maquillés aux couleurs de leur pays.
Alors une immense tristesse m'a envahi en comparant cette force tranquille et inexorable avec nos pâles manifestants de Toulouse manipulés par ces professionnels de la chasse aux subventions.
Où étaient-elles ces grandes gueules du podium de la place du Capitole, ceux qui nous annoncent tous les deux ans que cela ne pourra plus durer, que tout va péter, puis qui se vendent à vil prix au premier jacobin?
Certes il y eut de grands moments : nos retrouvailles avec Assumpció, Antonia et Xavier.
Ces regards étonnés en voyant la bannière de Raimond de saint Gilles flotter à nouveau sur leurs terres, tiens nos voisins et cousins ne seraient-ils pas que des gros cons semblaient ils dire !
Seule la pensée d'être observé par Jaume de là-haut m'interdisait d'aller me cacher dans un trou de souris pour pleurer " Avançons pas à pas nous devons être les bénédictins de l'Occitanie " disait-il. Mais que cette route est longue dont je ne verrai jamais la fin!
Bien sûr, il faut positiver, nos voisins vont accéder tôt ou tard à la liberté, je n'aurai plus que deux heures de route pour aller respirer un peu d'air frais,
Mais chaque fois que je reviendrai en Provence, je penserai à toutes ces occasions manquées, à tous ces reniements, en observant ces cerveaux karchérisés et avilis par cette odieuse aliénation.
Mais que doivent-ils penser de nous ce peuple qui a sacrifié un roi pour nous aider à conserver notre liberté?
Miquèu Gravier