Comment j’ai vécu la Diada du 11 septembre 2012
Au départ, c’était une idée un peu folle pour nous du P.N.O que celle d’aller à Barcelone le 11 septembre pour la Diada. Et
pourtant, malgré les difficultés d’organisation liées aux tendances libertaires et bordéliques de certains d’entre nous, nous nous sommes retrouvés une quinzaine à Terrassa à une trentaine
de kilomètres de Barcelone. Je me posais beaucoup de questions : réussirions-nous à rester groupés et à nous rendre sur le lieu de la manifestation à Barcelone et quel accueil nous serait réservé
? J’avoue que j’ai été soulagé par l’arrivée de notre adhérente catalane, Assumpció Amat. Nous avions un impératif : une interview avec Manel Zabalá de la télévision catalane à 16 heures au stand
de Macarel à l‘Arc de triomphe et un rendez-vous avec Patrick Nouguier, un de nos quatre coprésidents. C’était compter sans le temps passé au restaurant par certains d’entre nous, l’encombrement
des trains et leur lenteur et la distance à parcourir depuis la Place de Catalogne à travers une foule qui devenait de plus en plus compacte. Avant de parvenir à destination avec une bonne
demi-heure de retard, nous avons rencontré Manel qui nous a expliqué que c’était trop tard et que l’équipe de la télévision catalane ferait des interviews au cours de la manifestation. C’était le
premier couac. Quant à Patrick Nouguier, il n’était pas là et nous ne devions pas le voir du tout. C’était le deuxième couac. Lorsque nous avons intégré un des cortèges, qui d’ailleurs n’était
pas l’officiel, avec les drapeaux occitans, la banderole et les drapeaux du P.N.O comme vous avez pu le voir sur les photos, je ne pouvais m’empêcher de repenser au 31 mars à Toulouse. Cette
fois, nous étions presque tous ensemble, ce qui constitue un grand progrès mais nos trente mille personnes réunies pour la défense de la langue occitane pour la plupart même si nous, nous
scandions « Anem òc per la primièra Republica occitana » étaient bien peu de choses devant la marée humaine et la forêt d’ « esteladas » pour réclamer l’indépendance et la séparation de l’Espagne
sans la moindre ambigüité. En ce jour férié en Catalogne, ce qui m’a frappé c’est le caractère intergénérationnel des manifestants, des très jeunes gens et jeunes filles jusqu’aux séniors.
C’était une démonstration de force tranquille et pacifique avec des slogans indépendantistes sans haine. Le seul chahut occasionnel fut provoqué par le passage devant le siège de la police d’Etat
orné d’un drapeau espagnol conspué par des « fora la bandera espanyola ! » On notait aussi de nombreux drapeaux catalans aux fenêtres et aux balcons, signe encourageant dans une ville où on parle
plus espagnol que catalan et où le sentiment indépendantiste n’est pas majoritaire. Et nous noyés dans la masse, comment avons-nous été perçus ? C’est de là qu’est venue la plus grande surprise
pour moi. Jean-Luc Granet avait eu l’excellente idée de réaliser des panneaux en carton avec des slogans bilingues catalan-occitan. Ceux-ci conjugués à la banderole et à nos drapeaux bien
différents du drapeau occitan ont provoqué la curiosité des Catalans qui nous ont pendant trois heures de rang photographié, filmé, applaudi, interpellé pour discuter avec nous d’une façon
tellement chaleureuse que vous ne pouvez pas l’imaginer si vous ne l’avez pas vécu. Et cerise sur le gâteau, qui apercevons-nous sur le trottoir ? Xavier Bada et Antonia Donadeu. Que
d’embrassades et pour eux si souvent venus en Occitanie pour nous soutenir un bonheur extraordinaire de nous voir là. J’en avais les larmes aux yeux. J’ai été interviewé à plusieurs reprises et
chaque fois j’ai dit ma fierté d’Occitan et celle du P.N.O d’être ce 11 septembre aux côtés de nos frères catalans pour demander l’indépendance. Comment aurions-nous pu ne pas être là nous qui
voulons l’indépendance pour l’Occitanie mais aussi pour toutes les nations sans état du monde parmi lesquelles la Catalogne, sœur de l’Occitanie. Comment ne pas remercier les Catalans d’avoir
donné un gouvernement autonome aux Occitans du Val d’Aran ?
Nous avons crié en harmonie avec les Catalans : « independència, visca Catalunya lliure » Sans doute 1,5 million de
manifestants ont délivré un message clair à Madrid mais aussi au gouvernement catalan qui s’est, à la suite de la manifestation, clairement engagé sur la revendication d’un Etat catalan. Le
formidable impact de cette adhésion massive à l’indépendance (les sondages commencent à donner des majorités en faveur de l’indépendance) n’a pas échappé à la presse catalane, à la presse
espagnole, même si c’est pour la dénigrer et à la presse internationale (la presse française a fait le minimum et a souvent noyé le poisson).
Le chef du gouvernement espagnol s’est contenté de dire qu’en période de crise, l’Espagne et l’Europe ont besoin d’unité
mais il va rencontrer Artur Mas et il sera obligé de négocier. Une première avancée pour les Catalans sera peut-être l’autonomie fiscale comme les Basques. Il faut être réaliste et admettre que
le chemin de l’indépendance sera difficile même si sa possibilité devient de plus en plus réelle. La classe politique catalane est visiblement en retard par rapport aux aspirations du peuple
catalan. Poussée par la base, elle va se radicaliser. L’Union européenne suit avec attention ce qui se passe dans ce qui est encore l’Espagne et en Ecosse. Et nous ? Nous avons regonflé nos
batteries car une telle mobilisation pour l’indépendance de l’Occitanie est encore inimaginable chez nous. Mais peut-être que l’indépendance de la Catalogne aurait un effet d’entrainement en
Occitanie. Il ne faut pas dire « fontaine je ne boirai jamais de ton eau »
Nous indépendantistes occitans avons du pain sur la planche pour suivre l’exemple des Catalans. Je suis sûr que nous
pourrons compter sur leur aide.
Endavant per la independència de Catalunya, anem òc per l’independéncia d’Occitània.
14 septembre 2012
JP Hilaire