François FONTAN
Né à Paris en 1929, décédé à Cuneo en 1979.
Son père, Fernand, d’opinion maurrassienne était contrôleur à la SNCF, ce qui donna à son fils le droit de voyager gratuitement jusqu’à ses 21 ans. Sa mère, Louise de Cours d’Entras était de petite noblesse gasconne ruinée.
La maison de famille était à Roquefort sur Garonne au sud de Muret en Comminges. Le français était la langue de la famille même si son père parlait occitan.
Fontan passa sa jeunesse sans se rendre compte que le gascon parlé par le voisinage était une langue différente du français. Ce fût Pierre Bec de Cazères qui lui expliqua que le « patois » parlé à Roquefort était une variante de la langue occitane alors qu’il avait environ 20 ans.
De santé fragile il suivit peu l’école. Il étudia par ailleurs. Il était autodidacte. Ce qui ne l’empêcha pas de suivre à Paris en auditeur libre les cours de Marcel Cohen et de Levi-Strauss et aussi les cours de l’institut des sciences politiques à Toulouse.
Sa passion pour les langues lui vînt jeune. Sous l’influence de son père il s’engagea dans le mouvement monarchiste. Vers 17 ans il adhère au mouvement socialiste monarchiste. A 18 ans il passe à l’anarchisme. Il le quitta pour désaccord sur la question nationale.
Il s’intéresse à la critique du marxisme élaborée par le groupe Socialisme et Barbarie.
A Nice où il était allé vivre pour s’occuper d’une personne âgée de la famille, veuve d’un juge de paix, il participe à la fondation de la Nouvelle Gauche qui fut une des branches fondatrices du PSU.
Au printemps 1959 il fonde le Parti Nationaliste Occitan.
Persécuté par la municipalité de Nice et suite à deux procès dont l’un pour aide au FLN Algérien et l’autre pour une affaire de pédérastie montée de toute pièce, il émigra à Fraisse (Frassino en Val Varacha / Varaita) dans les vallées occitanes d’Italie.
Il passa deux ans à établir commune par commune la frontière linguistique entre l’occitan et l’italien piémontais. Il fonda le Movimento Autonomisto Occitano (MAO) en 1967.
Depuis Fraisse il dirigea le PNO jusqu’à sa mort due à une congestion cérébrale en décembre 1979.
La pensée humaniste de Fontan
L’élaboration de sa pensée qu’il appelait « humanisme scientifique » fût le fruit d’une longue recherche qui lui demanda des années entre son 15ème et son 21ème anniversaire. L’essentiel de sa doctrine fût établie 8 à 10 ans avant la création du PNO. C’est l’analyse de la décolonisation du Vietnam, du Maroc, de la Tunisie et surtout de l’Algérie qui lui servit de cadre politique pour ce faire.
C’est aussi la découverte de la sociologie marxiste et l’étude de la psychanalyse, surtout l’œuvre de Wilhelm Reich qui servit de point de départ de son humanisme. Ceci joint à une critique radicale du nationalisme de droite, l’amena à l’Ethnisme (Théorie du droit des peuples à l’indépendance).
Marx et Reich l’ont aidé à comprendre l’aliénation profonde de l’humanité et c’est l’étude de la question nationale dans le monde qui l’a amenée au nationalisme occitan.
Sa pensée peut se résumer en 3 principes :
critique de Wilhelm Reich, critique du Marxisme et critique de l’impérialisme.
A partir de Wilhelm Reich
Fontan découvrit Reich dans un article du Libertaire où Giliane Berneri présentât « la fonction de l’orgasme » un des livres importants de Reich.
Fontan était dans sa période anarchisante et pensa que « Reich était la justification scientifique de l’anarchisme ».
Pourquoi cet enthousiasme de Fontan pour W.Reich ? Le livre est un manifeste en faveur de la libération sexuelle de l’humanité.
Le jeune Fontan a environ 20 ans était passionné par l’étude de la sexualité du fait même de ses tendances homosexuelles. Le livre de Reich est une contestation de la pensée de Sigmund Freud.
Selon Freud la nature humaine est faite de forces de mort et de forces de vie qui se contrarient.
Reich au contraire démontre qu’il n’y a pas d’instinct de mort. Les manifestations de mort (Sado-masochisme) ne sont que le produit du refoulement des instincts de vie. Reich était psychiatre, en soignant ses malades, il prouve qu’en développant les expressions de vie par des techniques de thérapie spécifiques, le sado-masochisme peut disparaître. S’il disparaît c’est la preuve qu’il n’est pas dans la nature de l’humanité. Il n’y a donc pas d’instinct de mort. Ainsi Reich démontre que la désaliénation de l’homme est possible.
Pour Freud on ne peut que policer la nature humaine, pour Reich on peut la désaliéner. Freud sera considéré comme le nouveau prêtre de la société Maccarthyste américaine, tandis que Reich a été physiquement éliminé par cette société répressive en 1952.
Cette idée que la désaliénation de l’humanité est possible est la clé principale de l’œuvre de Fontan. Mais pour Fontan la sexualité n’explique pas tout.
La culture et l’économie sont aussi importantes. Fontan avait dans l’idée d’écrire une critique de la pensée de Reich. Le travail reste à faire.
Au-delà de Marx
Le second point fort de la pensée de Fontan est sa critique du Marxisme. Nous avons sur ce sujet des textes de Fontan un peu plus développés.
-La techno-bureaucratie publié en 1967
-Nationalisme révolutionnaire, religion marxiste et voie scientifique du progrès en 1970
-La question des petits propriétaires de 1971
Il faut rappeler le contexte des années 1960 où le marxisme et la contestation de Marx était le principal sujet de l’époque.
Si Fontan reconnaît que Marx a eu raison de montrer l’importance de la lutte des classes, Fontan conteste Marx sur tous les points forts de sa doctrine :
-sur le "matérialisme dialectique" : « le matérialisme dialectique est à mettre au musée » dit Fontan
-sur le "matérialisme historique " : Fontan affirme que Marx oublie l’importance de l’économie sexuelle et de la question nationale.
-sur le "rôle du prolétariat" : Fontan dit que Marx a tort de réduire la lutte des classes à la seule lutte entre capitalisme et prolétariat.
La classe des petits propriétaires et de plus en plus, la montée de la classe techno-bureaucratique, compliquent les choses.
La classe capitaliste et le prolétariat sont traversés par la question nationale.
Ainsi Fontan s’oppose au "cosmopolitisme prolétarien" de Marx.
Ainsi Fontan a prévu et peut-être précipité la faillite du marxisme.
A la question : Fontan marxiste ou pas ? Fontan répondit : « peut-être post marxiste ? ».
En fait Fontan a dépassé Marx et de loin.
L’Ethnisme contre l’Impérialisme
C’est à la question nationale que Fontan consacra l’essentiel de ses recherches.
Fontan part d’une critique de la définition de la nation selon Ernest Renan et selon Joseph Staline.
Contre Renan qui écrivit le texte célèbre « Qu’est-ce qu’une nation ? », Fontan répond que la volonté de vivre ensemble est mouvante et que la volonté ne rend pas compte de l’aliénation nationale.
Contre Staline qui écrivit « le Marxisme et la question nationale », Fontan démontre que la définition de Staline est inapplicable.
Selon Staline pour qu’il y ait nation il faut qu’il y ait 5 critères communs :
territoire commun - histoire commune - économie commune - langue commune et tempérament commun.
Cette définition ne vaut que pour les nations qui ont déjà un Etat établi. Cela n’explique pas la libération des nations colonisées.
Pour Fontan le seul critère qui explique l’existence d’une nation est celui de la langue indigène.
Les autres critères sont présents, bien sûr, mais ils n’offrent pas de quoi déterminer objectivement les limites entre les nations.
Fort de cette critique Fontan passa une grande partie de sa vie à étudier la géographie des langues et en donna un Atlas objectif et normatif.
Armé de toutes ces études Fontan fonda le Parti Nationaliste Occitan en 1959 en espérant que le peuple occitan et tous les autres peuples allaient le suivre. C’était sans compter avec l’aliénation profonde de la société occitane.
La réaction contre Fontan fût féroce. Ce qui lui fit le plus de peine, ce fût les attaques des responsables culturels occitans qui étaient effrayés par ses idées.
Le bilan 30 ans après la mort de Fontan
En Occitanie Alpine, le M.A.O. a presque disparu, mais les vallées occitanes d’Italie ont obtenu le statut de "Comunità Montane" Communautés de Montagne et la reconnaissance par la loi italienne de la langue occitane.
Le Val d’Aran qui est toujours sous domination espagnole a obtenu un statut d’Autonomie. L’Occitanie dominée par la France a gagné le statut de « régionalisation », les langues régionales sont reconnues par la constitution et une loi pour les protéger est en préparation. Nous sommes loin des perspectives indépendantistes prévues par Fontan.
Le Parti Nationaliste Occitan transformé en Parti de la Nation Occitane est toujours actif. Lors des régionales de 2004 il était présent dans une alliance en Languedoc-Roussillon qui fit 13500 voix.
En dehors de l’Occitanie les avancées de l’ethnisme ont été nombreuses.
Je citerais la chute du mur de Berlin, la partition de la Yougoslavie, la montée des nationalismes Corse, Flamand, Catalan, Gallois ou Ecossais.
Sur les questions sexuelles, la libéralisation des mœurs a gagné toute l’Europe.
Sur le plan économique, la progression du niveau de vie depuis la création du P.N.O. est importante malgré des crises.
Le socialisme étatique que préconisait Fontan a laissé place à de nouvelles formes de Libéralisme. C’est peut être la faiblesse principale du prophétisme de Fontan.
L’étude scientifique de la pensée de Fontan reste à faire. C’est une œuvre difficile dans la mesure où elle touche à toutes les sciences humaines.
Elle touche à la sociologie, à l’économie sexuelle, à la géographie linguistique et bien sûr à la politique.
L’œuvre de Fontan est complexe mais toujours d’actualité pour tout ce qui concerne les questions ethniques. Il en reste une méthode d’analyse scientifique, fondée sur l’interaction entre rapport de classes d’âge et de générations, culture et économie.
La vision de Fontan n’est pas seulement une vision occitane, c’est une vision toujours actuelle du monde.
J. Ressaire
Traduction de Gèli Grande à partir du texte en occitan paru dans la revue : « Lo Gai Saber » N° 514 . Estiu de 2009
A lire :
Ethnisme vers un nationalisme humaniste 2ème Ed 1975
Orientation politique du nationalisme occitan 1970
La nation occitane, ses frontières, ses régions, 1969
Sur l’homme et son oeuvre :
Hommage à François Fontan, supplément au n°38 de Lo Lugarn 1991
La pensée politique de François Fontan n° spécial de Lo Lugarn 92-93 2007
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Lo Lugarn
chez J-P Hilaire
10 rue de Romas
47000 AGEN Tel : 05.53.47.64.02. et 06.76.47.32.12.
Né à Paris en 1929, décédé à Cuneo en 1979.
Son père, Fernand, d’opinion maurrassienne était contrôleur à la SNCF, ce qui donna à son fils le droit de voyager gratuitement jusqu’à ses 21 ans. Sa mère, Louise de Cours d’Entras était de petite noblesse gasconne ruinée.
La maison de famille était à Roquefort sur Garonne au sud de Muret en Comminges. Le français était la langue de la famille même si son père parlait occitan.
Fontan passa sa jeunesse sans se rendre compte que le gascon parlé par le voisinage était une langue différente du français. Ce fût Pierre Bec de Cazères qui lui expliqua que le « patois » parlé à Roquefort était une variante de la langue occitane alors qu’il avait environ 20 ans.
De santé fragile il suivit peu l’école. Il étudia par ailleurs. Il était autodidacte. Ce qui ne l’empêcha pas de suivre à Paris en auditeur libre les cours de Marcel Cohen et de Levi-Strauss et aussi les cours de l’institut des sciences politiques à Toulouse.
Sa passion pour les langues lui vînt jeune. Sous l’influence de son père il s’engagea dans le mouvement monarchiste. Vers 17 ans il adhère au mouvement socialiste monarchiste. A 18 ans il passe à l’anarchisme. Il le quitta pour désaccord sur la question nationale.
Il s’intéresse à la critique du marxisme élaborée par le groupe Socialisme et Barbarie.
A Nice où il était allé vivre pour s’occuper d’une personne âgée de la famille, veuve d’un juge de paix, il participe à la fondation de la Nouvelle Gauche qui fut une des branches fondatrices du PSU.
Au printemps 1959 il fonde le Parti Nationaliste Occitan.
Persécuté par la municipalité de Nice et suite à deux procès dont l’un pour aide au FLN Algérien et l’autre pour une affaire de pédérastie montée de toute pièce, il émigra à Fraisse (Frassino en Val Varacha / Varaita) dans les vallées occitanes d’Italie.
Il passa deux ans à établir commune par commune la frontière linguistique entre l’occitan et l’italien piémontais. Il fonda le Movimento Autonomisto Occitano (MAO) en 1967.
Depuis Fraisse il dirigea le PNO jusqu’à sa mort due à une congestion cérébrale en décembre 1979.
La pensée humaniste de Fontan
L’élaboration de sa pensée qu’il appelait « humanisme scientifique » fût le fruit d’une longue recherche qui lui demanda des années entre son 15ème et son 21ème anniversaire. L’essentiel de sa doctrine fût établie 8 à 10 ans avant la création du PNO. C’est l’analyse de la décolonisation du Vietnam, du Maroc, de la Tunisie et surtout de l’Algérie qui lui servit de cadre politique pour ce faire.
C’est aussi la découverte de la sociologie marxiste et l’étude de la psychanalyse, surtout l’œuvre de Wilhelm Reich qui servit de point de départ de son humanisme. Ceci joint à une critique radicale du nationalisme de droite, l’amena à l’Ethnisme (Théorie du droit des peuples à l’indépendance).
Marx et Reich l’ont aidé à comprendre l’aliénation profonde de l’humanité et c’est l’étude de la question nationale dans le monde qui l’a amenée au nationalisme occitan.
Sa pensée peut se résumer en 3 principes :
critique de Wilhelm Reich, critique du Marxisme et critique de l’impérialisme.
A partir de Wilhelm Reich
Fontan découvrit Reich dans un article du Libertaire où Giliane Berneri présentât « la fonction de l’orgasme » un des livres importants de Reich.
Fontan était dans sa période anarchisante et pensa que « Reich était la justification scientifique de l’anarchisme ».
Pourquoi cet enthousiasme de Fontan pour W.Reich ? Le livre est un manifeste en faveur de la libération sexuelle de l’humanité.
Le jeune Fontan a environ 20 ans était passionné par l’étude de la sexualité du fait même de ses tendances homosexuelles. Le livre de Reich est une contestation de la pensée de Sigmund Freud.
Selon Freud la nature humaine est faite de forces de mort et de forces de vie qui se contrarient.
Reich au contraire démontre qu’il n’y a pas d’instinct de mort. Les manifestations de mort (Sado-masochisme) ne sont que le produit du refoulement des instincts de vie. Reich était psychiatre, en soignant ses malades, il prouve qu’en développant les expressions de vie par des techniques de thérapie spécifiques, le sado-masochisme peut disparaître. S’il disparaît c’est la preuve qu’il n’est pas dans la nature de l’humanité. Il n’y a donc pas d’instinct de mort. Ainsi Reich démontre que la désaliénation de l’homme est possible.
Pour Freud on ne peut que policer la nature humaine, pour Reich on peut la désaliéner. Freud sera considéré comme le nouveau prêtre de la société Maccarthyste américaine, tandis que Reich a été physiquement éliminé par cette société répressive en 1952.
Cette idée que la désaliénation de l’humanité est possible est la clé principale de l’œuvre de Fontan. Mais pour Fontan la sexualité n’explique pas tout.
La culture et l’économie sont aussi importantes. Fontan avait dans l’idée d’écrire une critique de la pensée de Reich. Le travail reste à faire.
Au-delà de Marx
Le second point fort de la pensée de Fontan est sa critique du Marxisme. Nous avons sur ce sujet des textes de Fontan un peu plus développés.
-La techno-bureaucratie publié en 1967
-Nationalisme révolutionnaire, religion marxiste et voie scientifique du progrès en 1970
-La question des petits propriétaires de 1971
Il faut rappeler le contexte des années 1960 où le marxisme et la contestation de Marx était le principal sujet de l’époque.
Si Fontan reconnaît que Marx a eu raison de montrer l’importance de la lutte des classes, Fontan conteste Marx sur tous les points forts de sa doctrine :
-sur le "matérialisme dialectique" : « le matérialisme dialectique est à mettre au musée » dit Fontan
-sur le "matérialisme historique " : Fontan affirme que Marx oublie l’importance de l’économie sexuelle et de la question nationale.
-sur le "rôle du prolétariat" : Fontan dit que Marx a tort de réduire la lutte des classes à la seule lutte entre capitalisme et prolétariat.
La classe des petits propriétaires et de plus en plus, la montée de la classe techno-bureaucratique, compliquent les choses.
La classe capitaliste et le prolétariat sont traversés par la question nationale.
Ainsi Fontan s’oppose au "cosmopolitisme prolétarien" de Marx.
Ainsi Fontan a prévu et peut-être précipité la faillite du marxisme.
A la question : Fontan marxiste ou pas ? Fontan répondit : « peut-être post marxiste ? ».
En fait Fontan a dépassé Marx et de loin.
L’Ethnisme contre l’Impérialisme
C’est à la question nationale que Fontan consacra l’essentiel de ses recherches.
Fontan part d’une critique de la définition de la nation selon Ernest Renan et selon Joseph Staline.
Contre Renan qui écrivit le texte célèbre « Qu’est-ce qu’une nation ? », Fontan répond que la volonté de vivre ensemble est mouvante et que la volonté ne rend pas compte de l’aliénation nationale.
Contre Staline qui écrivit « le Marxisme et la question nationale », Fontan démontre que la définition de Staline est inapplicable.
Selon Staline pour qu’il y ait nation il faut qu’il y ait 5 critères communs :
territoire commun - histoire commune - économie commune - langue commune et tempérament commun.
Cette définition ne vaut que pour les nations qui ont déjà un Etat établi. Cela n’explique pas la libération des nations colonisées.
Pour Fontan le seul critère qui explique l’existence d’une nation est celui de la langue indigène.
Les autres critères sont présents, bien sûr, mais ils n’offrent pas de quoi déterminer objectivement les limites entre les nations.
Fort de cette critique Fontan passa une grande partie de sa vie à étudier la géographie des langues et en donna un Atlas objectif et normatif.
Armé de toutes ces études Fontan fonda le Parti Nationaliste Occitan en 1959 en espérant que le peuple occitan et tous les autres peuples allaient le suivre. C’était sans compter avec l’aliénation profonde de la société occitane.
La réaction contre Fontan fût féroce. Ce qui lui fit le plus de peine, ce fût les attaques des responsables culturels occitans qui étaient effrayés par ses idées.
Le bilan 30 ans après la mort de Fontan
En Occitanie Alpine, le M.A.O. a presque disparu, mais les vallées occitanes d’Italie ont obtenu le statut de "Comunità Montane" Communautés de Montagne et la reconnaissance par la loi italienne de la langue occitane.
Le Val d’Aran qui est toujours sous domination espagnole a obtenu un statut d’Autonomie. L’Occitanie dominée par la France a gagné le statut de « régionalisation », les langues régionales sont reconnues par la constitution et une loi pour les protéger est en préparation. Nous sommes loin des perspectives indépendantistes prévues par Fontan.
Le Parti Nationaliste Occitan transformé en Parti de la Nation Occitane est toujours actif. Lors des régionales de 2004 il était présent dans une alliance en Languedoc-Roussillon qui fit 13500 voix.
En dehors de l’Occitanie les avancées de l’ethnisme ont été nombreuses.
Je citerais la chute du mur de Berlin, la partition de la Yougoslavie, la montée des nationalismes Corse, Flamand, Catalan, Gallois ou Ecossais.
Sur les questions sexuelles, la libéralisation des mœurs a gagné toute l’Europe.
Sur le plan économique, la progression du niveau de vie depuis la création du P.N.O. est importante malgré des crises.
Le socialisme étatique que préconisait Fontan a laissé place à de nouvelles formes de Libéralisme. C’est peut être la faiblesse principale du prophétisme de Fontan.
L’étude scientifique de la pensée de Fontan reste à faire. C’est une œuvre difficile dans la mesure où elle touche à toutes les sciences humaines.
Elle touche à la sociologie, à l’économie sexuelle, à la géographie linguistique et bien sûr à la politique.
L’œuvre de Fontan est complexe mais toujours d’actualité pour tout ce qui concerne les questions ethniques. Il en reste une méthode d’analyse scientifique, fondée sur l’interaction entre rapport de classes d’âge et de générations, culture et économie.
La vision de Fontan n’est pas seulement une vision occitane, c’est une vision toujours actuelle du monde.
J. Ressaire
Traduction de Gèli Grande à partir du texte en occitan paru dans la revue : « Lo Gai Saber » N° 514 . Estiu de 2009
A lire :
Ethnisme vers un nationalisme humaniste 2ème Ed 1975
Orientation politique du nationalisme occitan 1970
La nation occitane, ses frontières, ses régions, 1969
Sur l’homme et son oeuvre :
Hommage à François Fontan, supplément au n°38 de Lo Lugarn 1991
La pensée politique de François Fontan n° spécial de Lo Lugarn 92-93 2007
Toutes ces publications peuvent être commandées à :
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chez J-P Hilaire
10 rue de Romas
47000 AGEN Tel : 05.53.47.64.02. et 06.76.47.32.12.