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Dans son discours prononcé le 14 novembre à l’Académie française, le président de la République française a déclaré notamment : « La langue française a été la fabrique d'une nation qui, sinon, s'échappait entre ses langues vernaculaires, ses patois, ses différentes langues régionales qui, pour nombre d'entre elles, existent encore, mais étaient un instrument, au fond, de division de la nation". Il est difficile de faire plus confus de la part de quelqu’un qui pense que dans les Pyrénées on parle le « pyrénéen » (sic !).
Le français est seulement la langue de la nation ou ethnie française. La fabrique dont parle Emmanuel Macron est la construction impérialiste d’un État résultant de la soumission de peuples, ayant des langues nationales différentes (pas des patois, terme non scientifique) auxquels le français et l’assimilation à l’ethnie française ont été graduellement imposés par la force des armes, de l’école, surtout depuis les lois Jules Ferry, des institutions, notamment l’article 2 de la constitution de la 5e république, de l’administration et des médias.
Cette assimilation, bien qu’avancée, n’est pas complètement achevée et se heurte à de nouveaux obstacles causés par une immigration massive largement incontrôlée aux schémas culturels difficilement compatibles avec ce qu’on appelle communément les « valeurs de la république », en fait les valeurs de la nation française au sens propre du terme.
Quant au danger de division de la nation évoquée par le président, il ne fait que souligner le caractère artificiel de ce qu’il faut bien appeler un État français multi-ethnique qui ne résulte pas du libre choix des ethnies non françaises qui le constituent pour partie : occitane, basque, bretonne, catalane etc.
Le risque de division, même s’il n’est pas aujourd’hui d’actualité, est potentiellement bien réel pour la république française soi-disant une et indivisible. Nous sommes incontestablement dans une période de crise de l’identité française. L’assimilation ne semble plus fonctionner, l’intégration est en panne et l’inclusion est le nouveau mantra des élites qui nous gouvernent. Or, sans un projet assimilationniste, le pronostic vital de la France telle qu’elle est aujourd’hui est engagé.
Pour les Occitans, les Bretons, les Basques, les Catalans et autres, l’assimilation signifie se dire d’abord français et, comme l’ont fait l’écrasante majorité d’entre eux renoncer à leur langue et leur culture. Les Basques, stimulés par leurs compatriotes de l’autre côté de la frontière, y sont moins enclins.
Cette renonciation n’est pas forcément totale. Par exemple, beaucoup d’Occitans ont gardé leur accent et des mœurs culturelles différentes de celles des Français ethniques. Ils peuvent avoir des réactions épidermiques si les nouveaux venus d’Outre-Loire se montrent arrogants. Ils éprouvent souvent de la sympathie pour leur langue même s’ils ne sont pas prêts à faire l’effort de l’apprendre.
Néanmoins, ils se disent français mais ne sont pas totalement assimilés. Qu’en sera-t-il des générations futures ? Quant aux immigrés venus du Sud de la Méditerranée, la situation est très différente de la période des trente glorieuses.
Il faut bien sûr distinguer entre ceux qui sont là depuis plusieurs générations et ceux qui arrivent légalement ou clandestinement. Les jeunes de la nouvelle génération, pas tous bien sûr, préfèrent souvent se dire algériens, marocains ou tunisiens plutôt que français. Ils idéalisent le pays d’origine de leurs parents qu’ils ne visitent qu’en vacances et dans lequel ils n’ont aucune envie de vivre. Ils sont de plus sensibles à la propagande des Frères musulmans dont ils partagent l’homophobie, l’antisémitisme et la misogynie.
Ils vivent souvent dans les « quartiers », ghettos communautaires où la pression sociale contraint les femmes à se voiler. Ils ne s’intègrent que très mal par l’école qui ne propose plus un modèle de « roman national » français. Certains sombrent dans le terrorisme ou le très lucratif trafic de drogue au péril de leur vie. Quant à ceux qui arrivent, ils partagent peu ou prou les mêmes idées et les mêmes comportements.
L’idéologie dominante qui règne dans l’État français, à l’école, dans les médias et les réseaux sociaux c’est l’inclusivité bien résumée par le slogan de MacDo : « venez comme vous êtes » c’est à dire avec vos codes culturels et vos préjugés.
Inutile de faire l’effort de s’adapter au pays d’accueil que le wokisme (1) importé d’Outre-Atlantique qualifie de raciste systémique. Le paradoxe (mais en est-ce un ?) est que certaines familles d’immigrés à la recherche d’une identité d’accueil, sans renoncer à la leur, mettent leurs enfants dans des classes bilingues et des calandretas.
Quel discours doit tenir le Parti de la Nation Occitane sur l’assimilation, l’intégration et l’inclusion ? Il est toujours difficile de dire aux Occitans qu’ils ne sont pas français sauf si leur conscience nationale est déjà forte.
Par contre, il est possible de combattre l’assimilation en mettant en exergue la langue occitane avec les plaques de rue et la signalétique bilingue, en encourageant les communes, les communautés de communes, les départements et les régions à mener des politiques culturelles en faveur de l’occitan, en se présentant aux élections locales, en proposant l’autonomie des régions y compris sur le plan législatif et financier, en proposant à tous ceux qui vivent en Occitanie et aux immigrés (car il n’est pas réaliste de prôner l’immigration zéro) non pas l’inclusion mais l’intégration par notre civilisation occitane basée sur « paratge » et « convivéncia » et par notre langue.
Bien entendu, les Occitans ont un « roman national » différent du « roman national français » avec Jeanne d’Arc et le "bon roi" St Louis (grand oppresseur de l’Occitanie).
Nous, nous avons, entre autres, les troubadours et l’amour courtois. Il faut les faire connaître. Nous en aurons besoin pour accueillir les autres le jour où l’Occitanie, après avoir passé plusieurs étapes, accèdera pacifiquement au fédéralisme et à l’indépendance.