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Éditorial en français (l'éditorial est aussi en Occitan dans ses deux grandes graphies)
du numéro 142 de la revue Lo Lugarn

Vous pouvez télécharger gratuitement ce numéro au format pdf  ICI

François Fontan a raison mais…

Pour François Fontan, concepteur de l’ethnisme, la langue est l’indice synthétique de la nation.

À chaque langue correspond le territoire d’une nation et chaque nation possède ou a vocation à posséder un État souverain et commun à toute la nation dans le respect de sa diversité.

L’application de ce principe redessinerait la carte d’Europe et du monde et remettrait en cause presque toutes les frontières étatiques actuelles car les États ne correspondent que rarement et approximativement à des nations au sens ethno-linguistique.

Si on examine l’État français, incarnation d’une république soi-disant une et indivisible, on constate que c’est en fait un État pluri-national qui ne dit pas son nom. Certes la nation française y est dominante mais n’y est pas la seule. L'État français n'est pas égal à toute la nation française aussi présente en Wallonie, Romandie, Val d'Aoste, Québec etc.

Par contre, il englobe d’autres nations ou morceaux de nations comme la Bretagne, la Catalogne Nord, le Pays Basque Nord, l’Alsace, le Westhoek, la Lorraine thioise, la Corse, sans parler des départements et territoires d’Outre-mer.

Encore faudrait-il préciser que pour le parti créé par François Fontan, le Parti de la Nation Occitane, la nation bretonne dans ses limites ethnolinguistiques n’est pas la Bretagne du Duché que revendiquent tous les partis et mouvements bretons et ni Nantes ni Rennes ne sont ethno-linguistiquement bretonnes. Mais en revanche Outre-Manche, Truro, capitale de Kernow (le comté de Cornwall - Cornouailles) est, selon nous, bretonne.

De même, la Catalogne Nord ne correspond pas exactement au département des Pyrénées Orientales et n’inclut pas le Fenouillèdes qui est occitan.

Le mouvement indépendantiste de la Catalogne Sud reconnaît la personnalité occitane du Val d'Aran.

Le triangle BAB (Bayonne, Anglet, Biarritz) ne fait pas partie du Pays Basque Nord. Il est gascon donc occitan. Il faut saluer les promoteurs, essentiellement « abertzale », de la communauté d'agglomération Pays Basque" dont ils ont obtenu la mise en place à défaut d'une collectivité territoriale basque, d'avoir reconnu la co-officialité de la langue occitane dans sa variété gasconne à côté du basque dans ce territoire - sans toutefois aller jusqu'à lui définir un territoire propre.

L’Alsace comme la Lorraine thioise ne sont pas des nations mais des morceaux de la nation allemande annexés par la France. Le Westhoek de langue flamande appartient à l’ensemble néerlandophone.

La Corse n’est pas non plus une nation ethno-linguistique. Les parlers corses du Nord (parfois dits "lucchesi") sont des variantes de l'italien toscan, ceux du Sud (dits "sarditi"), de la langue sarde".

Ces quelques exemples illustrent bien le fait que les partis et mouvements nationalistes de l’État français qu’ils soient régionalistes, autonomistes ou indépendantistes ne définissent pas leur territoire comme le fait le Parti de la Nation Occitane pour la nation occitane dont le territoire s’étend sur l’État français, l’État espagnol (Val d’Aran) et l’État italien (vallées alpines occitanes).

Ces différences d'analyse de la réalité ethno-linguistique ne nous empêchent nullement de soutenir les aspirations des mouvements concernés à la reconnaissance de leurs cultures, de leurs langues, à l'autonomie et à l'indépendance.

À l’intérieur de la nation occitane dont certains ne reconnaissent pas l’unité, des mouvements séparatistes font de la Provence, du Comté de Nice de la Gascogne et de l’Auvergne des nations à part. Ces dissensions ne peuvent que réjouir les tenants jacobins du statu quo territorial.

Une coopération est utile et nécessaire entre les pays d'Oc, même pour les mouvements qui privilégient une identité et une revendication "régionale". Nous avons un ennemi commun et des revendications qui peuvent facilement converger.

Si nous sortons du cadre étatique français, nous constatons que l’Écosse ethnique n’englobe pas le Sud Est et la capitale Edimbourg mais s’étend sur la partie orientale de l'Ulster, sur la rive ouest du "canal du nord". Les Écossais de l'Est de l'Ulster (principalement presbytériens) y sont indigènes. Il ne faut pas les confondre avec les colons anglais (essentiellement anglicans, - autre variété des "protestants". En effet, le conflit en Irlande du Nord est plus un conflit ethnique entre Écossais , Anglais et Irlandais qu’un conflit religieux entre catholiques et protestants et la réunification de l’Irlande ne le résoudrait pas.

Et que dire de l’Ukraine, devenue véritablement indépendante grâce à la fin de l’Union Soviétique sinon que Poutine considère les Ukrainiens comme une variété de Russes et reprend l'appellation traditionnelle de "Petite Russie" - comme "Biélorussie" = littéralement "Russie Blanche"). Il ne reconnaît donc pas l’existence d’une nation ukrainienne.

En n’oubliant pas que l’Ukraine a en son sein un tout petit morceau de Moldavie de langue roumaine dans son extrémité Sud Ouest.

En 2014, l’Ukraine a perdu la Crimée qui n’est pas un territoire ukrainien mais le territoire ethnique des Tatars de langue turque, massivement déportés sous Staline, qui y vivent encore mais ne représentent plus que la minorité de la population essentiellement composée de Russes et d’Ukrainiens.

Nous citerons encore les États Unis d’Amérique, dont la base de peuplement colonial est anglo-saxonne, qui ont décimé les ethnies amérindiennes, premières occupantes de ce vaste territoire et dont la population devient de moins en moins WASP. Vont-ils éclater sur des bases ethniques comme le prévoyait François Fontan ou resteront-ils le pays monde ? L’avenir le dira.

Enfin se pose le problème de l’Afrique où le principe rigide de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation est source de conflits ethniques souvent sanglants, les frontières coloniales ne correspondant pas du tout aux limites ethnolinguistiques.

L’application de l’ethnisme de François Fontan permettrait de résoudre l’essentiel des conflits de l’humanité et éviterait des guerres meurtrières et des ethnocides. L’ethnisme est un facteur de paix dans le monde.

Mais il faut être réaliste, le Parti de la Nation Occitane est à peu près le seul à le prôner. Sans renoncer à nos convictions indépendantistes et ethnistes, nous devons faire preuve d’humilité et de pédagogie et admettre que l’indépendance de l’Occitanie et de toutes les nations sans État du monde est possible mais pas certaine dans un délai qu’il est impossible de fixer.

Nous devons accepter de travailler avec des partis et mouvements en Occitanie, dans l’État français et dans le reste du monde qui sont loin de partager toutes nos options en privilégiant ce qui nous unit plutôt que ce qui nous sépare, l’action commune sur le terrain, à condition toutefois que le respect soit mutuel.

 Le PNO a souvent par le passé été vilipendé et traité comme un pestiféré d’extrême droite raciste par la gauche et l’extrême gauche du mouvement politique et culturel occitan par assimilation abusive, à partir d'un vocabulaire volontairement mal compris "ethnie = race" donc "ethnisme = racisme".

Ces manifestations d’intolérance n’ont d’ailleurs pas complètement disparu. Elles ne servent pas « paratge et convivéncia » ni la cause de l’émancipation de la nation occitane.

Occitanie - Lo Lugarn 142.

Occitanie - Lo Lugarn 142.

Tag(s) : #Lo Lugarn, #Editorial Lo Lugarn, #international, #occitanie
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