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La revue occitane Lo Lugarn (n°125) est en ligne

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Éditorial en Français du numéro 125 (l'éditorial est écrit en Occitan et en Français)

L’avenir c’est l’émancipation des nations sans État dans le monde

 

Que ce soit en Europe ou ailleurs, comme l’avait prévu François Fontan, les peuples de certaines nations sans État cherchent à s’affranchir de la tutelle des « États-nations » : ils exigent une vraie autonomie ou l’indépendance s’ils se sentent assez forts.

Mais les « États-nations » au sein de l’Union européenne et de l’ONU se serrent les coudes pour empêcher à tout prix ces remises en cause de leur intégrité territoriale qu'ils jugent contraires à leurs constitutions, érigées en dogmes intangibles. Ce déni du droit des peuples est si besoin imposé par des méthodes fort peu démocratiques.

 

Le gouvernement de l’État espagnol, avec l’assentiment de l’opposition de gauche comme de droite et du tribunal constitutionnel espagnol, a jusqu’ici entravé la création d’une république catalane par la menace et en forçant à l’exil ou en emprisonnant les dirigeants indépendantistes démocratiquement élus.

Il a suspendu l’autonomie de la Catalogne. Il a le soutien sans faille de la Commission européenne.

 

Dans l’État français, l’exécutif de la Corse, aux mains des autonomistes et indépendantistes depuis les deux dernières élections territoriales, attendait beaucoup de la visite dans l’île du président de la république française après des entretiens décevants avec le premier ministre à Paris.

Mais Emmanuel Macron a anéanti tous leurs espoirs en comparant de façon honteuse les clandestins corses aux terroristes islamistes et en refusant toutes leurs revendications : co-officialité de la langue corse, statut de résident, rapprochement des prisonniers qu’ils considèrent à bon droit comme politiques, etc.

 

La mention de la Corse dans la constitution que propose le président, au terme d’une révision constitutionnelle incertaine, est la seule avancée. Elle est essentiellement d’ordre symbolique.

Il ne voit d’avenir pour la Corse que dans le cadre de la république française, oubliant que la république corse indépendante de Pascal Paoli, dotée de sa propre constitution, a été écrasée par l’armée française en 1769.

Nous sommes bien loin de la clairvoyance sur le sujet de Michel Rocard en 2000.

 

En Nouvelle Calédonie, le référendum sur l’indépendance aura bien lieu d’ici novembre prochain.

Mais Emmanuel Macron a déjà pris parti en souhaitant ouvertement le maintien de la Nouvelle Calédonie dans la république française.

Pour l’instant, les sondages indiquent une majorité contre l’indépendance avec un clivage net entre la population de souche européenne et les Canaques qui sont plutôt indépendantistes.

On peut prévoir que des pressions seront exercées pour « bien » voter à fin de conserver un bon niveau de vie que seul, selon Paris, peut assurer le maintien dans le giron de la France.

 

Au Royaume Uni, en Écosse, en 2012, le gouvernement du Parti National écossais avait obtenu du précédent premier ministre britannique la tenue d’un référendum sur l’indépendance.

L’indépendance avait été rejetée par une majorité de votants en septembre 2014.

Mais depuis le référendum de juin 2016 sur le Brexit, contre lequel les Écossais ont voté, contrairement aux Anglais, la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a demandé à Londres l’organisation d’un nouveau référendum sur l’indépendance.

En effet les Écossais, majoritairement pro-européens, ne veulent pas subir les conséquences du Brexit ; la première ministre britannique, Theresa May, n’est pas disposée à accorder ce référendum

L’indépendance éventuelle de l’Écosse enthousiasme aussi peu la Commission européenne que celle de la Catalogne.

 

En Irak, au Kurdistan irakien, le référendum sur l’indépendance du 27 septembre 2017 gagné par les indépendantistes sur le score sans appel de 92 % est bloqué de fait par le pouvoir arabe chiite de Bagdad et l’impérialisme arabe en général.

 

Les Kurdes, à qui les puissances occidentales avaient déjà promis un État au traité de Sèvres en 1920, sont toujours écartelés entre la Turquie où ils sont pourchassés par Erdogan, la Syrie, l’Iran et l’Irak.

 

Provisoirement le statu quo territorial semble triompher dans l’État français comme ailleurs.

 

Néanmoins, le Parti de la Nation Occitane pense que la fermeture politique obstinée et arrogante dont font preuve le gouvernement français vis à vis de la Corse et le gouvernement espagnol vis à vis de la Catalogne n’est pas tenable à terme.

Il faudra bien, un jour ou l’autre, entamer de véritables négociations si l’on veut éviter le retour de la violence en Corse ou le renoncement de la Catalogne à l'expression pacifique de sa revendication.

Quant à l’Occitanie, la Bretagne, le Pays basque, l’Alsace-Moselle et la Catalogne Nord, le mépris à l’égard des élus territoriaux sans réels pouvoirs ni ressources, la fracture territoriale provoquée et la métropolisation à marche forcée seront peut-être source de lendemains qui déchantent pour le pouvoir jacobin.

Les nations colonisées de l’État français n’ont pas dit leur dernier mot.

L’avenir des « États-nations » uns et indivisibles n’est pas assuré.

L’avenir c’est l’émancipation des nations sans État dans le monde comme l’a prévu François Fontan.

Le Parti de la Nation Occitane, en dépit des obstacles et du lavage de cerveau de longue date des Occitans, travaille à l’émancipation future de l’Occitanie avec tous ceux et celles qui partagent la même aspiration.

Jean-Pierre Hilaire

Occitanie. Lo Lugarn.

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Tag(s) : #Lo Lugarn, #occitanie, #Editorial Lo Lugarn
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