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Éditorial en français du N°153

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Le PNO et le Front International de Décolonisation

On peut définir le colonialisme comme : le contrôle qu'exerce une nation[1] sur une ou plusieurs nations dépendantes.

Ce contrôle peut se faire, en conquérant et en exploitant la population de ces nations et souvent en leur imposant sa langue et sa culture. Si la nation colonisatrice est la nation dominante d’un État multi ethnique, ou d’une alliance multinationale, elle peut mutualiser l’exercice de son exploitation coloniale avec d’autres nations vassales de son domaine.

Cette situation, dont l’origine est aussi vieille que l’humanité, perdure au XXIème siècle bien que l’existence de colonies soit niée par les puissances colonialistes.

Le colonialisme se distingue de l’impérialisme en ce sens que ce dernier n’exige pas la conquête territoriale des nations dominées et leur inclusion dans une structure juridique administrée par la nation dominante.

Certaines puissances peuvent être à la fois impérialistes et colonialistes. C’est le cas de la Russie de Poutine qui rêve de rétablir l’empire russe et cherche dans sa guerre avec l’Ukraine à annexer et coloniser des territoires ethniquement non-russes mais ukrainiens.

C’est aussi le cas de la France, puissance colonialiste et impérialiste, même si cet impérialisme perd du terrain en Afrique au profit des impérialismes russe et chinois.

En 1986, lo Lugarn n° 24 publiait mon article intitulé : « La France a-t-elle encore un empire ? », dans lequel j’écrivais que la décolonisation ne s’était pas achevée dans les années 1960 et que l’État français administrait, notamment dans la zone « Indo-Pacifique » mais pas seulement, de vastes territoires (d’une superficie de 1/5 de la métropole) inscrits pour certains ‑ mais pas tous ‑ par l’ONU sur la liste des pays à décoloniser ; ils le sont toujours bientôt 40 ans plus tard.

Il s’agit de la Polynésie française, de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Martinique, de la Kanaky ou Nouvelle Calédonie et de Mayotte, entre temps devenue département français, dans l’archipel des Comores.

Dans le précédent numéro du Lugarn, n°152, Sèrgi Viaule signalait l’existence du Groupe Initiative de Bakou regroupant des indépendantistes de ces territoires. Ce groupe, maintenant appelé Front International de Décolonisation, a élaboré une Charte que nous publions dans ce numéro en appelant nos lecteurs à la commenter.

Il vient d’organiser son premier congrès constitutif le 23 et le 24 janvier en Kanaky à l’invitation du FLNKS qui tenait lui-même son 44ème congrès[2].

Cette nouvelle organisation entend « débarrasser définitivement nos pays et la planète de toute présence coloniale ».

Il s’agit d’abord de dénoncer le colonialisme français quitte à accepter le soutien encombrant et intéressé de l’Azerbaïdjan qui profite de l’occasion pour punir la république française pour son soutien à l’Arménie dont la province de l’Artsakh [3] est victime d’une épuration ethnique menée par la force des armes par le régime de Bakou, acteur de l’impérialisme turc.

Ce soutien, comme il fallait s’y attendre, est vivement dénoncé par la France comme une ingérence inacceptable dans ses affaires internes. Il est intéressant de constater que, pour la France, les questions corse, néo-calédonienne, etc., relèvent de ses affaires intérieures, tout comme pour l’Azerbaïdjan, la question de l’Arsakh est une affaire intérieure azérie.

L’Australie, la Nouvelle Zélande et les USA verraient également d’un bon œil un retrait de la France de la zone « indo-pacifique ».

Le Parti de la Nation Occitane soutient naturellement les objectifs du Front International de Décolonisation, même s’ils ne correspondent pas tout à fait à ses analyses ethnistes, et pense que les mouvements qui le composent sont bien conscients des arrière-pensées de l’Azerbaïdjan et acceptent les soutiens internationaux d’où qu’ils viennent tout en restant lucides.

Le Parti de la Nation Occitane, créé en pleine guerre d’Algérie, a soutenu concrètement les indépendantistes algériens en n’ignorant pas que le FLN algérien était aussi soutenu par l’URSS désireuse de faire de l’Algérie indépendante une alliée stratégique.

Le PNO se réjouit que la Corse, dirigée par une alliance entre autonomistes et indépendantistes - où ces derniers jouent un rôle significatif -, fasse partie du FID.

Cela montre que pour tous ces mouvements, le colonialisme français concerne aussi la « métropole ». Donc que le « colonialisme interne » est bien pour eux une variété du colonialisme qu’ils entendent combattre, et que la nécessité de la décolonisation n’est pas pour eux limitée à l’« outre-mer » extra-européen.Le Parti de la Nation Occitane les invite à aller plus loin et à dénoncer le colonialisme français, linguistique, culturel, économique et démographique qui s’exerce, outre la Corse, en Occitanie, au Pays basque Nord, en Bretagne, en Catalogne Nord, en Alsace et en Lorraine thioise et dans le Westhoek flamand.

Il souhaite donc que le FID déclare publiquement s’élargir et soutenir les luttes pour leur émancipation de toutes les colonies françaises sans exception.

Ce n’est que dans l’unité et la coopération inter-nationaliste que les peuples colonisés du monde entier accéderont à l’indépendance.


[1] « Nation » au sens ethno-linguistique, et non au sens dévoyé utilisé par les divers impérialismes, et notamment l’impérialisme français, qui définissent la nation à partir de l’État.

[3] Ou Nagorny Karabakh (Haut-Karabagh), selon la nomenclature russe.

 

Lo Lugarn numéro 153

Lo Lugarn numéro 153

Tag(s) : #Lo Lugarn
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