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Un anniversaire qui fera date

 

Le Parti de la Nation Occitane était comme tous les ans présent à un des rendez-vous de l’été occitan, l’Estivada de Rodez du 18 au 20 juillet où était installé sur l’esplanade des Ruthènes le stand de sa revue Lo Lugarn-Lou Lugar. Mais il célébrait aussi en marge du festival occitan, le vendredi 19 juillet, le 60e anniversaire de sa création par François Fontan sous le nom de Parti Nationaliste Occitan. Cette appellation fut abandonnée en 2004 en raison de la connotation très négative du mot « nationaliste », assimilée à l’extrême droite dans l’État français.

Deux évènements ponctuaient cette journée :

D’abord une « taulejada » rassemblant à l’hôtel du Midi adhérents, sympathisants et amis du PNO parmi lesquels des représentants de la Catalogne, du Pays basque et de la Bretagne.

Après lecture par le coprésident Gèli Grande d’une émouvante lettre de Jean-Louis Veyrac, autrefois secrétaire et compagnon de François Fontan, mettant en exergue les avancées de l’Occitanie auxquelles avait participé le PNO depuis 1959, la parole fut donnée aux invités et à la fin du repas, le gâteau d’anniversaire fut partagé entre les convives.

L’après-midi, à la Maison des Associations, une conférence débat permit à travers des extraits  du film de 1999 de Fredo Valla et de Diego Anghilante « E i a lo solelh » de retracer l’itinéraire politique de François Fontan depuis sa jeunesse en passant par son soutien au FLN algérien dont il fut un des porte-valise avec Jacques Ressaire, qui lui valut de la prison et le força à s’exiler dans les vallées occitanes de l’État italien. Il y conscientisa suffisamment d’habitants pour y créer le Movimento Autonomista Occitano.

Il y mourut prématurément en décembre 1979.

Le film souligne la divergence fondamentale entre François Fontan, autodidacte inspiré,  créateur du nationalisme occitan moderne et de l’ethnisme et Robert Lafont, universitaire et écrivain occitan, foncièrement antinationaliste (une position qu’il modéra dans les dernières années de sa vie), régionaliste français de gauche puis autonomiste.

Gèli Grande, coprésident du PNO introduisit le débat et distribua la parole aux invités :

   Jordi Vera au nom de « Oui au Pays catalan » apporta un éclairage très complet et sans langue de bois sur la situation actuelle en Catalogne de l’État espagnol et en Catalogne Nord.

Il fit observer que les indépendantistes catalans qui représentent la moitié de la population sont maintenant complétement déconnectés de l’Espagne et que l’Espagne des autonomies est morte.

L’Espagne est redevenue un État totalitaire et les indépendantistes catalans seront probablement lourdement condamnés sans que cela émeuve  outre mesure l’Union européenne pour qui l’Espagne est un pays réputé démocratique et donc intouchable.

Pour ce qui est de la Catalogne Nord, le mouvement Oui au Pays Catalan est né de la résistance populaire à l’inclusion dans la région abusivement appelée Occitanie. Son objectif est de quitter cette région et d’obtenir une collectivité territoriale spécifique pour la Catalogne Nord.

   Thierry Salaun, représentant le Pari indépendantiste breton, Strollad Breiz a expliqué la situation culturelle et politique en Bretagne : un foisonnement sur le plan culturel en raison de la force de l’identité bretonne mais un mouvement politique breton relativement faible en dehors de l’Union Démocratique bretonne liée aux Verts et à la gauche française. Ce dynamisme culturel était d’ailleurs éclatant sur la grande scène de l’Estivada avec les concerts du 18 juillet, surtout celui d’Alan Stivell, ambassadeur émérite de la Bretagne puisque cette année l’Estivada invitait la Bretagne.

   Beñat Oteiza s’exprima au nom du Parti Nationaliste Basque (PNV). Au Pays basque « espagnol » l’indépendantisme est si puissant qu’avec le gouvernement autonome basque et le Parlement, les Basques ont un statut d’État quasi indépendant. Même au Pays basque Nord, l’EPCI a permis l’émergence d’une collectivité territoriale basque dont les prérogatives dépassent largement celles d’un département. Concernant la politique linguistique, si la langue et la culture basques disposent de moyens financiers importants qui permettent d’augmenter le nombre de locuteurs d’euskara, l’occitan gascon n’est pas oublié pour répondre au fort attachement à l’identité gasconne dans le triangle Bayonne-Biarritz-Anglet (BAB).

   Revenant à l’Occitanie, Jean-Pierre Laval, président de País Nòstre et Jean-Luc Davezac de BASTIR Occitanie mirent tous les deux l’accent sur l’importance de la dynamique BASTIR dans l’optique des élections municipales de l’en prochain et dans la stratégie de conquête du pouvoir local par les militants occitans qui veulent dépasser le désastreux clivage entre culturels et politiques occitans. En 2014, sur 120 candidats labellisés BASTIR, 55 avaient été élus. Il faut viser des résultats meilleurs encore en 2020.

   Joël Encontre, membre du Partit Occitan (POC) mais venu à titre personnel ne pouvait qu’abonder dans ce sens et affirmer la nécessité de l’union des forces politiques et culturelles occitanes car dans la conquête du pouvoir, il ne faudra compter que sur nos propres forces.

En définitive, en dépit de la disparité des situations en Occitanie, en Bretagne, en Catalogne et au Pays Basque, nous avons tous appris les uns des autres et constaté la similitude de nos objectifs.

Le public a aussi pris part au débat qui est demeuré d’une grande courtoisie malgré des points de vue parfois divergents sur le rôle des culturels et des politiques dans la lutte de libération nationale.

60 ans après sa création, le PNO est toujours là et partie prenante du travail des militants occitans pour conscientiser le peuple occitan.

Mais il y a plus important que l’avenir de notre parti : l’avenir de notre nation dans sa réalité culturelle, économique et sociale et l’avenir de toutes les nations sans État du monde.

 

Joan-Pèire Alari, coprésident du PNO

Jordi Vera, Beñat Oteiza, Thierry Salaun à Rodès 2019

Jordi Vera, Beñat Oteiza, Thierry Salaun à Rodès 2019

Tag(s) : #Actualités, #A libre dobèrt, #Catalonha, #Estivada Rodez, #catalogne, #international, #occitanie
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