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Editorial
Le Parti de la Nation Occitane à l’épreuve du terrain, par Jean-­‐Pierre Hilaire
Des militants du Parti de la Nation Occitane ont mené ces derniers mois des actions de terrain dans le domaine politique et culturel, ce qui leur a permis de mettre leurs idées à l’épreuve de la réalité. Dans le cadre du rassemblement des occitanistes, appelé Bastir, ils se sont présentés ou ont tenté de se présenter aux élections municipales sur des listes d’ouverture, notamment dans l’Agenais, la Gascogne toulousaine et le pays niçois. Sur les 55 élus de Bastir (soit à peu près la moitié des candidats présentés), un seul membre du P.N.O a été élu : Bernard Fruchier qui est maintenant élu d’opposition à Luceram (06). C’est un début même si Bastir a subi pour ses candidats sur des listes de gauche l’onde de choc du rejet du parti au pouvoir à Paris et du président François Hollande.
Bastir va continuer avec deux branches : un mouvement social ayant pour base le Manifeste Occitaniste et pour objectif de présenter des candidats aux prochaines élections territoriales de décembre 2015 et une association des élus occitanistes ouvertes aux élus occitanistes estampillés Bastir ou non qui prend la relève de l’ACEOC (l’Association des maires et des élus occitans). En principe, le Parti de la Nation Occitane continuera d’encourager ses militants qui le veulent à participer à l’aventure Bastir.
Outre les élections municipales, la volonté s’est exprimée dans le Parti de monter une liste des Occitans, Basques et Catalans, d’ouverture, mais non succursaliste, aux élections européennes du 25 mai dernier dans la circonscription Sud-­‐ Ouest couvrant trois régions : Aquitaine, Midi-­‐Pyrénées et Languedoc-­‐Roussillon et 18 départements. L’idée était de donner une légitimité au parti en le plaçant à l’origine de cette démarche et d’obtenir autant de voix sinon plus que la liste régionaliste de Lacour en 2004 qui comptait des membres du P.N.O, d’intégrer dans la liste des militants basques et catalans et de trouver 10 candidats et surtout 10 candidates, ce qui était plus difficile a priori, pour respecter la loi sur la parité. Le défi était redoutable. Une rencontre organisée dans les Landes avec le Parti Nationaliste basque (PNV), partenaire possible, a montré que nous nous y étions pris trop tardivement leur liste étant déjà bouclée. Toutefois, nous restons en contact et rien n’est exclu pour l’avenir. En revanche, les contacts avec les catalanistes n’ont rien donné, peut-­‐être parce que nous avons privilégié les organisations 5 catalanistes plutôt que les catalans individuellement. Nous avons donc du nous contenter d’une liste exclusivement occitane appelée Occitanie, pour une Europe des peuples. Comme nous n’avions pas les moyens de mener une véritable campagne et de financer des professions de foi et des bulletins de vote pour toute la circonscription, nous avions au départ décidé d’une campagne à minima utilisant en priorité Internet et les réseaux sociaux (blog et page facebook) et incitant ceux qui voulaient voter pour nous à télécharger leur bulletin de vote. En réalité, une fois la liste constituée non sans mal avec une femme comme tête de liste et la moitié des candidats n’étant pas au Parti de la Nation Occitane, les militants de l’Agenais, de la Gascogne toulousaine, du Gard et de l’Ardèche ont fait imprimer le programme de la liste pour le distribuer sur les marchés et des bulletins de vote qui ont été portés dans autant de mairies que possible. Ils ont aussi collé des affiches. Ainsi, si certains départements ont été partiellement couverts, beaucoup ne l’ont pas du tout été. Le résultat n’a pas été à la hauteur de nos espérances et dix fois moindre que celui de 2004 où, il est vrai, toutes les communes avaient été servies en bulletins de vote. Il faut donc le relativiser. Tout ceci dans un contexte de défiance des citoyens par rapport à l’Europe, de montée du Front National et de l’abstentionnisme. Nous avions un excellent programme, équilibré, ni eurolâtre ni europhobe, traçant les contours de l’Europe que nous voulons, une Europe différente de l’actuelle mais comment convaincre ces électeurs de plus en plus nombreux qui pensent que l’Europe est la source de tous leurs maux et quine votent plus FN pour protester mais parce qu’ils adhérent à ses idées ? Nous étions à contre-­‐courant et nous sommes passés inaperçus des médias. C’est une leçon salutaire de réalisme. Là où un travail de terrain a été fait, nous avons eu quelquefois de bonnes surprises. De mauvaises aussi : il n’y a pas toujours corrélation entre la présence d’une calandreta ou de classes bilingues et le vote occitaniste. Beaucoup d’occitanistes culturels qui ne veulent pas entendre parler de mouvement politique occitan n’ont pas voté pour nous. D’autres ont préféré comme certains militants du Parti Occitan, c’est leur droit, le vote succursaliste pour José Bové qui avait pris un membre de ce parti sur sa liste. Malgré tout, il n’y a pas lieu de désespérer. Notre présence sur les marchés a été généralement accueillie avec sympathie même si celle-­‐ci ne s’est pas traduite en votes. Cela viendra si nous habituons les gens à notre présence dans le paysage politique.
Enfin, l’association Agenés Tèrra Occitana, dans laquelle se trouvent des membres du P.N.O, a passé un an à préparer les festivités pour célébrer le 150ème anniversaire de la disparition du grand poète agenais de langue occitane du 19ème siècle, Jacques Boé, dit Jasmin malgré tous les obstacles et les bâtons dans les roues. Nous avons reçu une autre leçon de réalisme sur l’état de conscience du peuple occitan aujourd’hui quand on pense à la popularité de Jasmin en son temps et au deuil quasi national qui a frappé sa ville quand il est mort. Mais aujourd’hui, quand les agenais connaissent Jasmin ce n’est que par le nom d’une place ou d’une rue et ils ignorent tout de son oeuvre et même qu’il écrivait en occitan. Nous n’avons pas réussi malgré notre investissement personnel (des affiches partout, des milliers de flyers distribués) et un programme de choix, notamment le spectacle féérique du groupe OC de Christian Salès le mystère Jasmin, à mobiliser suffisamment les agenais, les entreprises agenaises et le monde politique local dont nous avons reçu des subventions mais qui est resté en retrait. Une partie des médias seulement a fait son travail correctement. Notre bilan financier est déficitaire mais nous avons réussi à mener à bien un projet de grande envergure et nous avons marqué les esprits. Le maire d’Agen s’est engagé sur l’identité occitane de la ville durant la campagne pour les élections municipales. Nous le prenons au mot. Les festivités pour Jasmin ne sont qu’un hors-­‐d’oeuvre. Il y aura une suite. Le travail culturel est ingrat mais pour le P.N.O il n’y a pas de différence entre le travail culturel et politique occitan. Il faut que pour les politiques locaux, nous soyons des partenaires mais aussi des concurrents dans les élections territoriales. C’est la condition sine qua non pour peser sur les décideurs.
Comme d’habitude, nous nous retrouverons à l’Estivada de Rodez pour tenir un stand à la rencontre des festivaliers mais aussi pour nous réunir, tirer les leçons de ces trois temps forts que nous venons de vivre, préparer la feuille de route pour les échéances futures dont les élections de décembre 2015 et remotiver les militants. Le réalisme et la lucidité ne doivent pas nous empêcher d’imaginer un avenir meilleur pour notre peuple et notre nation occitane. Si une majorité d’Occitans le veut, nous ne sommes pas éternellement condamnés à rester des « Français » exotiques avec un accent ridicule, qui ne décident pas chez eux, à quiillage, sujet éminemment sensible. On impose une réforme territoriale qui marie de force régions occitanes et régions non-­‐occitanes sans de mars 2014tenir compte des liens économiques et culturels entre les régions occitanes, et chez qui on vient passer ses vacances d’été ou on s’installe. Faisons en sorte qu’on nous prenne au sérieux chez nous et au sommet du pouvoir. Nous avons vocation à décider chez nous un jour au même titre que les Ecossais, les Catalans, les Basques, les Flamands et les autres nations sans Etat. Agen 3 juillet 2014
lo lugarn N° 111, revue du PNO, parti occitan.

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