Occitanie. Lo Lugarn numéro 140 est en ligne

Pour rappel, l'éditorial est écrit en Occitan dans ses deux graphies et traduit en français.

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Être indépendantiste occitan est un devoir patriotique

L’immigration, c’est certain, sera un thème majeur de la campagne présidentielle française car les candidats qualifiés devront se déterminer sur ce thème qui est une des préoccupations essentielles de la population comme le montrent toutes les enquêtes récentes.

Les opinions divergent sur un sujet sensible que la Macronie préfèrerait éviter. Elles vont de la nécessité morale de l’accueil, de la chance que représente l’immigration pour la France à la peur de l’invasion démographique, du « grand remplacement », d’une religion conquérante, l’islam, du terrorisme et de la guerre civile entre communautés qui vivant séparées les unes des autres risquent de se trouver face à face. De l’extrême droite à l’extrême gauche la classe politique s’étripe sur la question.

Et sur le terrain, en Occitanie, réputée terre d'accueil de "convivéncia" et de "paratge", comme dans le reste de l’hexagone, le citoyen lambda constate bien souvent que la population de sa localité ou de son quartier change, avec d’autres couleurs de peau et d’autres tenues vestimentaires, certaines religieuses et ostentatoires. Il entend des langues inconnues de lui. Il voit s’ouvrir des bureaux pour l’accueil des mineurs isolés. Il entend parler à la télévision et dans les journaux de problèmes de drogue et de violence liés aux étrangers, qualifiés de « migrants ». Cela le préoccupe et n’en fait pas pour autant un « raciste ». N’est-ce pas le socialiste François Mitterrand qui parlait de « seuil de tolérance », concept emprunté à Claude Lévi-Strauss ?

Sans parler de la ghettoïsation ethnique des quartiers dits sensibles dans les villes quelle que soit leur importance où la loi républicaine commune ne s’applique plus et où les forces de l’ordre sont accueillies parfois avec des armes de guerre. Ce ne sont certes pas des statistiques mais du ressenti auquel on n’apporte pas de réponses en dénonçant l’extrême droite, le supposé fascisme, le populisme, en vantant la « start-up nation » mondialisée ou en prônant une chimérique immigration zéro et en se claquemurant dans la France d’avant, la république une et indivisible pour l’éternité.

C’est presque devenu une lapalissade de le dire mais l’intégration des immigrés, principalement d’Afrique et du Maghreb mais pas seulement, qui arrivent ou vivent déjà dans l’État français depuis une ou plusieurs générations, est en panne, comme l’est l’ascenseur social. Beaucoup ne sont « français » que par leur carte d’identité et n’adhèrent pas aux « valeurs de la république », quand ils les connaissent, notamment la laïcité à laquelle le Parti de la Nation Occitane est attaché sans pour autant en faire une lecture intégriste comme la Libre Pensée.

Les souverainistes français, de droite surtout, se référent toujours au « roman national français » et à la grandeur passée de la France; ils proclament leur attachement aux vestiges de l’empire colonial dans les DOM TOM et voient rouge lorsqu’il est question de discuter de l’autonomie de la Guadeloupe où la majorité de la population ne se considère pas comme française.

Or justement, le Parti de la Nation Occitane pense que l’immigration concerne aussi un autre phénomène observable sur le territoire de la république française, construction artificielle qui résulte de l’annexion au cours des siècles passés par les alliances ou la conquête militaire de peuples non-français : Bretons, Occitans, Basques, Corses, Catalans, Allemands d'Alsace et de la Lorraine thioise sans parler des peuples des départements et territoires d'Outre-mer sous administration française.

Ces peuples sont devenus français par l’imposition d’une langue et d’un imaginaire qui leur étaient étrangers. L’héliotropisme et l’administration française conjugués avec l’aménagement du territoire et la métropolisation ont amené chez nous en Occitanie des gens venus du « Nord de la Loire » dont certains arrivent en pays conquis et qui pour la plupart, ignorent tout de notre langue et de notre culture ou ne s’y intéressent pas du tout.

Il est vrai que les Occitans ont dans leur immense majorité perdu leur langue. Il ne leur reste que des marqueurs identitaires secondaires: l’accent, le rugby, la corrida, la cuisine et encore certains jeunes trouvent chic d’adopter un accent pointu. Ils sont assimilés ou en voie de l’être et souvent plus chauvins français que les Français de souche.

La seule action culturelle oc citaniste pour faire de la Fran,ce un pays moins centralisé voire fédéral et respectant la diversité linguistique est vouée à l’échec. A coup sûr, ce ne sera pas un thème de la campagne présidentielle. Par contre, cela le sera pour les élections législatives si le mouvement politique occitan dans l’unité, réussit à présenter de nombreux candidats. Ce n’est pas pour faire de la figuration mais c’est pour un objectif à long terme : la conquête du pouvoir chez nous en participant à toutes les consultations électorales possibles et un objectif plus lointain : l’indépendance de l’Occitanie si on veut qu’elle survive en tant que nation.

L’exemple de la Catalogne et de l’Écosse le démontre : l’autonomie même étendue peut être du jour au lendemain remise en cause par l’État central et ne vaudra jamais l’indépendance. Voilà pourquoi au Parti de la Nation Occitane, nous sommes indépendantistes par devoir patriotique.